Fdlm 415 – Patrimoine : une visite insolite, le Paris assassin (4’02’’)

Posté le par le français dans le monde

C’est à un circuit pittoresque et insolite au cœur de Paris que vous êtes ici conviés, avec, au fil des déambulations, le récit de quelques histoires criminelles et crapuleuses qui ont marqué le centre de la capitale, et dont certaines ont même fait l’objet d’adaptations littéraires ou cinématographiques. Une balade originale à travers le quartier des Halles en compagnie de Dorothée Hervin, guide touristique, et d’Ingrid Pohu, journaliste, qui nous invitent à voir la ville sous un jour inhabituel.

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TRANSCRIPTION
Dorothée Hervin – Donc ensemble aujourd’hui on va faire le Paris assassin / outre le fait de vous présenter des faits-divers / c’est bien sûr vous présenter un quartier – Ingrid Pohu – Châtelet-les Halles / fontaine des Innocents / c’est parti pour deux heures de balade en compagnie de Dorothée Hervin / spécialiste du Paris criminel / la guide fait revivre l’histoire des meurtres commis dans le ventre de Paris / du moyen âge à nos jours – D. H. – On va partir sur le premier fait-divers – I. P. – Et ça se passe à deux pas en face du numéro 10 de la rue de la Ferronnerie / c’est ici que le 14 mai 1610 Henri IV fut poignardé / Ravaillac – D. H. – Il faut quand même rappeler qu’il a échappé à dix-sept voire dix-huit tentatives d’assassinat / Henri IV / hein – I. P. – Si 90 % des meurtres sont commis par des hommes les femmes sont aussi des criminelles / un dénommé Lecoq / adjoint à la lieutenance de Paris / créée en 1667 / a dû résoudre un étrange fait-divers – D. H. – Alors nous sommes en 1684 / vingt-six jeunes hommes ont disparu / alors tous plutôt de / de bonne famille / tous entre vingt et trente ans / alors il y a un adjoint qui s’appelle Lecoq / et qui dit / il doit y avoir une femme là-dessous / évidemment on balbutie dans Paris une comtesse sanglante / hein bon on ne sait pas très bien – I. P. – Lecoq décide donc d’utiliser son propre fils comme appât jusqu’au jour où il se fait accoster par une gouvernante – D. H. – Une femme qui se prétend être la gouvernante d’une comtesse polonaise / madame Jaribowska / richissime / orpheline / éplorée / alors ils se rencontrent / et il est laissé seul dans une pièce / en attendant que la comtesse aille se préparer / et il découvre entretemps plusieurs têtes dans des bocaux / hein / les fameuses têtes de ces jeunes hommes – I. P. – Le fils Lecoq donne l’alerte / ladite comtesse est arrêtée / on apprend alors qui se cache derrière cette serial killeuse – D. H. – Cette comtesse n’a rien de comtesse / elle est en fait anglaise / elle s’appelle lady Olympia Guilfort / et elle a décidé avec des complices de faire disparaître ces hommes pour en fait vendre les têtes à des / ce que l’on va appeler les phrénologues allemands / hein / des scientifiques allemands / et vendre les corps à de jeunes chirurgiens / je vous rappelle qu’on ne va pas fouiller encore dans les corps / hein / avant très longtemps / ça vous a refroidis / ça hein – I. P. – Anne / une des participantes / affiche un sourire qui trahit sa stupéfaction – A. – Je suis effarée par ce que l’être humain peut faire – D. H. – On est le 23 septembre 1904 / au 18 rue des Halles / on a environ 70 000 rodeurs que l’on appelle les Apaches / ces bandes hein qui rackettent et qui vivent un petit peu du proxénétisme / ces bandes qui terrorisent le tout-Paris / alors il y a deux bandes / la bande de Popincourt et la bande des Orteaux – I. P. – Deux bandes menées par François Leca et Marius Pleigneur qui se partagent une femme / Amélie Élie / celle-ci vit de ses charmes rue Saint-Denis / c’est la fameuse Casque d’or incarnée au cinéma par Signoret / les deux gangs en tout cas s’affrontent jusqu’au procès de 1902 et envoie les deux chefs au bagne / Daniel apprécie – D. – Ça fait vivre un petit peu tous ces meurtres et tout ça / ça leur donne presque un côté sympathique / c’est marrant – D. H. – Alors nous sommes au 76 rue Quincampoix / le 6 octobre 1901 / Eugène Bourdin / riche bijoutier / rentre chez lui et se rend compte avoir été cambriolé / les voleurs se sont introduits par le biais d’une location juste au-dessus de l’appartement du bijoutier / ce qui a fait naître le fameux coup du parapluie / pourquoi coup du parapluie / parce qu’ils ont percé un trou en fait dans le sol / et le cambriolage est signé du nom d’Attila – I. P. – Il s’agit d’Alexandre Marius Jacob qui inspirera le personnage d’Arsène Lupin à son créateur Maurice Leblanc / le gentleman cambrioleur a un code d’honneur / surtout ne pas tuer et ne voler que les professions selon lui inutiles / magistrats / banquiers / bijoutiers / d’ailleurs un jour – D. H. – Il va rentrer chez le romancier Pierre Loti / il va se rendre compte qu’il est dans la demeure de Pierre Loti et vite / il va laisser dix francs en disant / désolé / je ne vole pas les gens qui vivent de leur plume.

LEXIQUE
Le ventre de Paris :
le quartier des Halles, au centre de Paris, qui a conservé son nom même après le transfert des anciennes halles à Rungis en banlieue parisienne au début des années 1970 ; l’expression provient du titre du roman d’Émile Zola qui se déroule pour l’essentiel au cœur les Halles en question et qui évoque l’abondance des denrées qui y étaient négociées.

Ça vous a refroidis : (sens figuré du verbe) ça a calmé, diminué, réduit votre enthousiasme ; l’expression peut s’employer à toutes les personnes : ça m’a refroidi, ça l’a refroidi, ça nous a refroidis, etc.

Rue Popincourt, rue des Orteaux : deux rues situées dans les quartiers autrefois populaires de l’est parisien.

La rue Saint-Denis : située au centre de Paris, a longtemps été un des hauts lieux de la prostitution parisienne ; synonyme de prostitution, mais moins connotée en ce sens de nos jours.

Casque d’or : film culte réalisé par Jacques Becker, sorti en 1952, avec Simone Signoret et Serge Reggiani dans les rôles principaux ; le scénario s’inspire très librement de la vie d’Amélie Élie, surnommée Casque d’or, sur fond de rivalités mortelles entre bandes de malfrats dans le Paris des années 1900.

Le coup du parapluie : dispositif qui consistait à creuser d’abord un petit trou dans le sol, puis, avant de l’élargir, à y glisser un parapluie, qui une fois ouvert permettait de recueillir les gravats pour éviter le bruit de leur chute, et qu’un système astucieux de cordes permettait de refermer et de remonter.

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