Fdlm#444 – Expression : parapluie

Posté le par le français dans le monde

Expression : parapluie

« Les mots de l’actualité » du 11/12/2022 – Yvan Amar

Télécharger le reportage audio et la transcription (.zip)

Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture

Avez-vous bien ouvert votre parapluie ? Comment est-ce qu’on peut comprendre cette interrogation a priori extrêmement banale ? Eh bien en fait, il y a plusieurs réponses qui sont possibles. Et en effet, cette allusion à un parapluie peut très bien être sans rapport direct avec le temps qu’il fait : parce qu’il peut s’agir de ce qu’on appelle un accord parapluie. Qu’est-ce que c’est que ça ? Eh bien, on appelle ainsi les accords ou les contrats, peut-être, qui protègent les données personnelles stockées de façon informatique pour éviter qu’elles ne soient consultables par tout le monde et peut-être éventuellement commercialisées. Et cette expression, un accord parapluie, elle est mise en avant, elle est expliquée par le site France Terme. Alors, de façon tout à fait logique, l’image du parapluie, elle correspond souvent à un geste de protection : on évite de s’exposer, on évite la pluie, on évite l’orage ou bien on évite l’indiscrétion de gens qui vont se servir de ce qu’ils savent sur vous pour vendre ceci ou cela, etc.
Alors ce parapluie, on le trouve aussi dans d’autres usages figurés qui vont le tirer du côté de la politique plus que celui des pratiques informatiques. Et on dit : on ouvre le parapluie. C’est une formule qu’on entend parfois dans les médias et c’est une expression un petit peu moqueuse parce qu’elle souligne le côté apeuré, peut-être un peu couard, peut-être un peu lâche de la part de celui qui ouvre le parapluie. En fait, lorsqu’un danger se profile, ou une accusation ou une mise en cause, il s’agit de dire : « Moi, moi, mais, mais pas du tout, mais moi je n’ai rien à voir là-dedans, mais je ne suis absolument pas mêlé à tout ça. » On ouvre le parapluie et on se défausse, quitte à laisser l’accusation retomber sur quelqu’un d’autre.
Et puis, il y a un autre usage métaphorique, c’est-à-dire par comparaison du parapluie, parce que son utilisation première sert à lui faire changer de forme. Il s’agit des espèces parapluie. Alors là, on est dans une préoccupation de la biologie. Certains animaux appartiennent à des espèces dont la préservation de l’habitat servira à protéger d’autres espèces en protégeant le tigre. On protège toute une espèce de zone biologique qui va sauver d’autres petits animaux qui vivent grâce à l’existence de ce prédateur terrible qu’est le tigre. On dit que le tigre est une espèce parapluie. Bon, il n’en sait rien, heureusement il pourrait être contrarié, et un tigre contrarié, c’est pas toujours facile.
Dernière précision : un parapluie, un vrai, au sens propre, littéral, un parapluie, en langue familière, on l’appelle un pépin, parfois même un pébroc. C’est ce qu’on appelle une resuffixation argotique, c’est-à-dire on change de suffixe, on change la terminaison : au lieu de dire pépin, on dit pébroc. Mais pourquoi pépin ? C’est un simple souvenir d’une pièce de théâtre du début du XIXᵉ siècle, qui a eu beaucoup de succès, où on voyait un certain monsieur Pépin qui avait toujours un grand parapluie. Voilà pourquoi on dit « je vais prendre mon pépin parce qu’il risque de pleuvoir ».

Télécharger le reportage audio et la transcription (.zip)

Aucun commentaire

Laisser un commentaire