Le français dans le monde n°459 : Enseignera-t-on encore les langues en 2050 ?
Au sommaire de la revue Le français dans le monde n°459 (juillet – août 2025) :
- Dossier : Enseignera-t-on encore les langues en 2050 ?
- Métier :
Idiamino Mboko, angolais et profession devineur
L’intelligence artificielle en mode pratique
Former les enseignants de français en Thaïlande - Mémo :
Kebir Mustapha Ammi : « Algérie-France, tourner le page »
Le Paris tamoul du réalisateur Lawrence Valin - Époque :
Yoshua Bengio, un franco-canadien au sommet de l’IA
Besançon, ville de toutes les utopies - Langue :
Émilie Pelletier, Québécoise : la francophonie pour identité
Enquête IPSOS- Institut français : une langue encore séduisante - 5 fiches pédagogiques avec ce numéro
Introduction au dossier :
Poser cette question, tout à fait provocatrice quand on témoigne depuis plus de soixante ans de cet enseignement, c’est forcément créer un horizon d’attentes auquel ce dossier essaie d’apporter des réponses – comme l’avait fait, dès 1973, notre centième numéro intitulé Vers l’an 2000.
L’affirmation du chercheur Nicolas Hervé, dont l’entretien ouvre ce dossier, servira de boussole : « J’affirme que l’éducation, aujourd’hui, doit préparer non pas à suivre des routes déjà tracées, mais à orienter sans carte précise, et donc à développer des capacités d’exploration, d’attention, d’invention collective. »
Et la première halte vers cette terra incognita, c’est celle que propose la technologie. Notre enquête part de cette question cruciale : « La technologie dominera-t-elle un jour l’enseignement des langues, occultant complètement le rôle du professeur ? » Alors que l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle ou encore la traduction automatique gagnent chaque jour du terrain, certains y voient une béquille précieuse, quand d’autres s’alarment de la perspective d’un enseignement sans les hommes. On lira ici les témoignages de ceux qui opposent à l’envahissante technologie, « les subtilités de l’apprentissage », « le besoin d’échange », « La relation et le lien affectif qui unissent apprenant et enseignant ».
Au-delà de la vision tronquée du monde qu’ils transmettent, analyse Michel Boiron, le risque majeur qu’impliquent ces outils est l’isolement des individus, leur déconnexion avec le monde réel, une certaine forme de désocialisation. En réponse, apprendre une langue répond justement à des besoins fondamentaux : communiquer, s’ouvrir à l’autre, découvrir, explorer des cultures et des manières de vivre, se définir soi-même par rapport aux autres, apprendre à décrire le monde et à le comprendre en adoptant plusieurs points de vue…
Celui de Jacques Pécheur décrypte le marché des langues de demain. Au-delà de celui que dessine l’IA, il pointe un marché de niches qui impose des réponses éclatées conformes à l’ère dans laquelle nous évoluons, où chaque consommateur-apprenant attend qu’on s’adresse à lui individuellement. Et d’imaginer la méthodologie qui va avec. « En travaillant au croisement des langues, des cultures et des expériences migrantes ou transnationales, conclut Nicolas Hervé, les enseignants de FLE sont en première ligne pour faire émerger des récits pluriels du monde et du futur. » À vous de jouer.