Cours particuliers en ligne : un face-à-face… particulier

Posté le par le français dans le monde

Les cours particuliers de FLE peuvent être, pour les enseignants, un simple à-côté des cours collectifs ou constituer l’intégralité de leur activité. Depuis le Covid, ces cours particuliers à double titre se pratiquent essentiellement en ligne.

Par Alice Tillier-Chevallier

Certains ont été des adeptes de la première heure, comme Jérôme Dupérou qui a lancé ses cours en ligne en 2010, en utilisant, bien avant que Zoom ou Teams ne déferlent sur le marché, l’outil de visio le plus courant d’alors, Skype ; d’autres sont des convertis récents, passés au numérique par la force des choses pendant les années Covid et qui y sont restés. Parce que la demande perdure du côté des apprenants, et aussi – et surtout – parce que cela fonctionne sur le plan pédagogique. Charlène Guéroult, responsable pédagogique et formatrice FLE au Newdeal Institut de Bordeaux (https://newdealinstitut.com/) le constate au sein de son équipe : « Si les cours en comodal ou les cours de groupe en numérique suscitent des réticences, rien de tel pour le cours particulier en ligne ! »

L’écran qui, il y a quelques années seulement, était vu comme une barrière, semble s’être complètement effacé, au point que les enseignants ne voient plus guère de différence fondamentale entre un cours particulier en présentiel et un cours particulier en ligne. Et si différence il y a, elle se fait plutôt en faveur du numérique. Pour Sabrina, qui en est à sa quatrième année de cours particuliers 100 % en ligne, l’écran est même un facilitateur, une fenêtre qui ouvre sur l’intérieur de l’apprenant.

Elle permet de tisser une relation de proximité qui favorise l’apprentissage : « Les cours donnés au sein d’une école sont marqués par le cadre institutionnel, et chacun reste dans sa posture. En ligne, l’apprenant vient avec son environnement – son lieu de vie, sa famille, son chat qui passe devant l’écran, son thé ou son café, ou même parfois son pyjama ! Ce sont des déclencheurs très positifs, même s’il faut être vigilant et conserver la rigueur pédagogique qui s’impose : il n’est pas question de tomber dans le copinage. »

Pour des cours particuliers qui reposent souvent sur l’envoi de documents en amont, le numérique a le mérite de concentrer « tout au même endroit », reconnaît Charlène. « Les documents partagés, où l’enseignant et l’apprenant sont tous les deux éditeurs, fonctionnent très bien ! » Et les enseignants d’utiliser toute la palette des outils à disposition, en fonction de leurs préférences, que ce soit des captures écran pour un récapitulatif par mail en fin de journée après le cours, l’espace de chat pour indiquer le vocabulaire au fur et à mesure, ou le partage d’écran pour des pages de manuel numérique, comme le fait Sabrina, qui a souscrit dans cet objectif un abonnement annuel auprès d’un éditeur de FLE.

Une interaction orale exigeante

Autant d’outils qui se substituent très bien au tableau d’une salle de classe ou au paperboard d’un cours en entreprise. À une exception près cependant, s’accordent à dire les enseignants : celle des débutants, pour lesquels le face-à-face réel reste plus efficace. Pour ces cours qui demandent beaucoup d’énergie pour l’enseignant comme pour l’apprenant, il est plus facile de passer d’un outil pédagogique à un autre en étant autour d’une table, ou d’avoir un tableau ou une feuille de papier à portée de main pour faire un dessin qui aide à la compréhension et soutienne l’attention.

L’écran qui, il y a quelques années seulement, était vu comme une barrière, semble s’être complètement effacé, au point que les enseignants ne voient plus guère de différence fondamentale entre un cours particulier en présentiel et un cours particulier en ligne.

Quel que soit le niveau, les cours particuliers restent exigeants. Ici, pas de radiateur au fond de la classe près duquel s’assoupir doucement, ni camarade sur qui compter pour répondre à votre place. Le cours particulier en ligne, plus encore peut-être qu’en présentiel, repose sur l’interaction orale. C’est d’ailleurs souvent la motivation première des apprenants qui font le choix de ce mode d’enseignement : « Mes étudiants arrivent avec cette complainte récurrente : je sais lire et écrire le français, mais je n’arrive pas à parler », témoigne Sabrina. D’où l’importance de rythmer le cours, de varier les activités, de choisir des approches ludiques. Certains ont décidé de ce fait d’adapter la durée et de la réduire à 30 minutes parfois, plus souvent à 45 ou 50 minutes. C’est ce dernier format qui a été choisi par Mickaël, pour permettre également de pouvoir enchaîner plusieurs cours : « Après un cours en présentiel, je compte toujours un quart d’heure de battement. Mais en ligne, les au revoir sont plus rapides. Chacun raccroche et reprend ses activités… »

Pour l’enseignant, ce sera un autre cours ou, s’il est indépendant, la gestion des plannings, la réponse aux demandes et le marketing de ses cours, sur l’une des diverses plateformes de mise en relation entre étudiants et apprenants de langue – à l’instar des LanguaTalk, Learnissimo et autre Verbalplanet – ou sur son propre site. Car il faut bien recruter les apprenants. Certains ne prendront des cours que le temps de quelques semaines, pour une préparation intensive d’un DELF/DALF ou d’un TCF par exemple. D’autres resteront fidèles pendant de longues années, comme cette Américaine de 46 ans que Jérôme accompagne depuis désormais 10 ans : « Elle adore la France, vient souvent en vacances et pratique le français en cours particulier avec moi trois fois par semaine, comme d’autres feraient leur footing ! »


Témoignages

Sabrina : « Une relation de confiance dans la durée »

« J’apprécie la relation de confiance qui se noue avec les apprenants et qui peut se construire dans la durée, sans l’interruption des vacances – les apprenants souhaitent souvent continuer sur leur lieu de villégiature – ou d’un déménagement. Le cours particulier a aussi cet avantage de soustraire l’apprenant au regard des autres : un certain nombre de mes élèves, qui sont habitués dans leur métier à être en position d’autorité (avocats, médecins, architectes), acceptent plus facilement de faire des erreurs en face à face. Je peux les bousculer un peu, les pousser dans leurs retranchements pour les faire progresser. »
https://frenchyhour.fr/

Mickaël : « Donner la chance d’apprendre seul pour éviter les frustrations »

« Après avoir enseigné 10 ans dans des structures traditionnelles, à des groupes souvent d’une quinzaine d’apprenants, j’ai fait le choix des interactions individuelles. La dynamique de groupe a des vertus, mais elle laisse aussi de côté les plus discrets, et elle peut être à l’origine de frustrations et de peur de l’apprentissage du français. J’ai donc souhaité donner la chance d’apprendre le français seul ou en mini-groupe, et j’ai créé Naturellement français : j’accueille des étrangers pour des séjours en immersion (à Fabrezan, en Occitanie) dans des groupes de maximum trois personnes ou pour des cours particuliers. Les cours particuliers en ligne font souvent suite à un séjour en immersion, pour maintenir le niveau de langue acquis. »
https://www.naturellementfrancais.com/fr/

Jérôme: « J’ai pris goût aux cours particuliers»

« Je me suis lancé dans les cours particuliers en 2010 après avoir enseigné face à des classes dans différentes écoles de langue à l’étranger et en France. J’avais songé à fonder ma propre école, mais j’y ai finalement renoncé pour ne proposer que des cours particuliers, qui m’offraient une grande liberté, et j’y ai pris goût. Au départ, j’enseignais pour partie en ligne et pour partie en présentiel : les cours avaient lieu dans l’hôtel des étrangers de passage dans la région, dans un bar ou dans un parc quand il faisait beau. Depuis le Covid, je ne donne plus que des cours en ligne. »
https://www.fli-french.com/

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