Guy Capelle

Disparition – Guy Capelle : Action !

Posté le par le français dans le monde

Guy Capelle (1926-2022) est décédé le vendredi 16 décembre 2022. Par les institutions qu’il a créées,  et animées, par ses intuitions et sa volonté de développer la coopération internationale, par ses méthodes de FLE qui ont rencontré un immense public et qui ont largement contribué au développement d’un apprentissage moderne du français langue étrangère, Guy Capelle a été une figure majeure de la diffusion du français.

 

Auteur de manuels d’apprentissage indépendant… C’est par ce profil bien trop modeste que Guy Capelle se désignait sur LinkedIn.

Et pourtant cette vie d’auteur ne saurait cependant faire oublier l’apport de Guy Capelle à ce que l’on n’appelait pas encore le champ du français langue étrangère. De l’Écosse (1954-1959) au Venezuela (1951-1954) et au Maroc (1958-1960) en passant par des missions d’études et de formation au Mexique (1958), Brésil, Pérou (1959) Guy Capelle a largement contribué au renouvellement et au renforcement de l’influence éducative et culturelle d’une France sortant tout juste de la Guerre. Créateur du BELC, il en assure la direction de 1959 à 1964, responsable de nombreuses missions et publications, de l’organisation du fameux stage d’été à partir de 1961 et du stage dit des orienteurs (1960), vivier des futurs conseillers pédagogiques et attachés linguistiques. Soucieux de développer les comparaisons et la coopération internationale, il est en 1963 le co-fondateur de l’AFLA (Association française de linguistique appliquée) avant de co-organiser en 1964, le premier séminaire européen de linguistique appliquée à l’Université de Besançon.

Quant à nous, nous n’avons pas oublié que c’est à Guy Capelle qui avait insisté sur la nécessité de créer une revue de formation pour les professeurs de français,  qu’André Reboullet avait confié la direction et la coordination du numéro 100 (octobre-novembre 1970) de la revue Le français dans le monde, numéro prospectif intitulé « Vers l’an 2000 » dont Guy signa l’éditorial intitulé « Pour le meilleur et pour le pire »…et qui contient, entre autres, clin d’œil ironique, le fameux article de Francis Debyser, « La mort du manuel et le déclin de l’illusion méthodologique.» …

Que l’on songe… La France en Direct (Hachette) était parue, il y a tout juste un an (1969)… elle allait devenir pour un temps, le bestseller mondial de l’enseignement et de l’apprentissage du français au point qu’elle devint tout simplement et sous toutes les latitudes, « la méthode Capelle!».

La méthode Capelle, parlons-en….

La curiosité. Elle l’avait rendu familier des recherches anglo-saxonnes qui lui ont valu d’innombrables invitations dans les Universités américaines et qu’il a largement contribué à intégrer dans ses propres intuitions et dans celles de la recherche française en matière de méthodologie qu’il a su admirablement synthétiser.

L’écoute. Il n’était pas rare, en général tôt le matin,  de recevoir un appel de Guy, désireux de partager une lecture, une réflexion ou à l’affût des pistes de réflexion qui allaient nourrir les prochains numéros,  toujours désireux d’en savoir plus sur les questionnements qui animaient la communauté du FLE.

Le contact. Annie Coutelle qui fut pendant tant d’années, chez Hachette FLE,  son éditrice et amie, le rappelle dans son hommage à Guy : « L’étranger, les rencontres, les découvertes (…) étaient ce que tu aimais le plus. Tu as beaucoup donné à tous les enseignants de Français, langue étrangère à travers tes méthodes. Dans le monde entier, tu les as encouragés,  tu les as félicités avec beaucoup de gentillesse,  tu les as rassurés dans leur métier avec une écoute attentive et généreuse. »

En matière de méthode,  Guy ne s’est jamais arrêté. Il fallait toujours chercher ailleurs : du côté de l’association fiction et apprentissage qui donnera naissance à Avec Plaisir (Hachette, 1986-1987), et trouvera son aboutissement dans Reflets (Hachette, 1999-2000). Entre temps Guy était devenu cinéphile compulsif avec la complicité de sa femme, Noelle Gidon-Capelle. Vint ensuite l’aventure de la méthode Espaces (1990) où Guy Capelle jouait gros. Du temps avait passé, d’autres équipes, Janine Courtillon avec Archipel (Didier), Jacky Girardet avec Le Nouveau sans frontières et Panorama (CLE International) avaient contribué à recomposer le paysage méthodologique. Alors,  comme en témoigne Annie Coutelle, Guy releva le défi : « Assis côte à côte devant son texte, il me dit « vous savez, la première qualité d’un auteur c’est la modestie. Alors allez-y, mettez-moi en pièce, critiquez sans retenue ! surtout n’ayez pas peur !» Nos discussions pédagogiques sont restées mémorables chez tous nos collègues voisins de bureau (nous ne les avons pas oubliées !!!) et ces discussions ont duré plus d’une décennie.»

Belle leçon de modestie en effet.

Jacques Pécheur

 

 

 

Un commentaire
  1. Merci beaucoup de cet article hommage Jacques , que malheureusement je ne lis qu’aujourd’hui
    Guy capelle a été une partie marquante et si plaisante de notre vie professionnelle à tous
    Toutes mes condoléances (tardives, j’en suis désolé) à Noelle
    RIP
    Olivier ARISTIDE
    Ancien contrôleur de gestion d’Hachette FLE puis secrétaire général d’HLI

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