« Découvrir le monde était mon rêve d’enfance »

Posté le par le français dans le monde

À chaque numéro, le témoignage d’une personnalité marquante de l’émission de TV5Monde présentée par Ivan Kabacoff. Aujourd’hui, SAR le prince Tesso Sisowath, directeur de l’école de danse Princesse Buppha Devi, au Cambodge. Une rubrique « Étonnants francophones » à retrouver dans le numéro 443 (novembre-décembre 2022) du Français dans le monde.

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SAR le prince Tesso Sisowath.

« Je suis né au Cambodge en 1963, de l’union d’un mariage de convention entre les deux branches régnantes des Norodom et des Sisowath. Ma mère, la princesse Wathanary, est la cousine germaine de feu S. M. le roi Norodom Sihanouk (l’un des pères fondateurs de la Francophonie).

À l’âge de 5 ans, j’ai déménagé à Paris avec ma famille : mon père, le prince Essaro, étant nommé ambassadeur auprès de l’Unesco et directeur de la Maison du Cambodge à la Cité universitaire internationale. J’ai grandi dans ce bel espace verdoyant et intellectuel qui regroupe des étudiants de toutes les nationalités du monde. Très jeune, je côtoie donc des cultures diverses et variées, des coutumes venues de tous les continents lors des fêtes de fin d’année de la Cité où j’accompagnais mon père.

Mes deux sœurs étant inscrites à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur et étant le fils cadet, je restais comme un enfant unique à la maison, auprès de mes parents. Je garde un très agréable souvenir de mon adolescence dans cet univers multiculturel et ethnique. J’aime les rencontres et les échanges avec des gens d’expérience, car lorsque vous prenez la peine de les écouter, il en ressort que chaque vie exprime presque tout un univers en soi.

« J’ai grandi à la Cité internationale de Paris, dans ce bel espace verdoyant et intellectuel qui regroupe des étudiants de toutes les nationalités du monde »

Hélas, comme tout Cambodgien sans exception, j’ai vécu un drame qui a marqué profondément mon âme. Même si j’étais en France, dans un pays en paix et de joie, les images que nous suivions dans les années 1970 et 1980 à la télévision, où l’on voyait le Cambodge meurtri par cette guerre civile ignoble, puis par cet autogénocide des Khmers rouges, ont été pour moi un choc, car ma mère était constamment en pleurs et inconsolable.

Sur le tournage de Destination Cambodge.

Plus tard, j’ai su que mes parents avaient perdu contact avec les autres membres de la famille royale piégés dans ce tourbillon de violence. En avril 1975, cette guerre a fini par nous atteindre à Paris même, lorsque les étudiants de la Maison du Cambodge se sont révoltés, menaçant d’éliminer mon père et toute sa famille. Il y aura un mort cette nuit-là.

Après avoir poursuivi mes études en Sciences économiques puis en informatique, j’ai intégré la Société multinationale Spie Batignolles. C’est grâce à ces années passées dans le secteur privé que j’ai appris à travailler et à avoir confiance en moi. Après la mort de mon père, en août 2004, je ramène ses cendres au Cambodge, et ce retour aux sources me décide à revenir m’installer au pays.

« Hélas, comme tout Cambodgien sans exception, j’ai vécu un drame qui a marqué profondément mon âme. Même si j’étais en France, dans un pays en paix et de joie, les images d’un Cambodge meurtrie que nous suivions dans les années 1970 et 1980 à la télévision, ont été pour moi un choc »

Ma cousine, SAR la princesse Buppha Devi, m’accueille dans sa famille et me demande de l’assister dans l’organisation des tournées du Ballet Royal dont elle est la directrice. Je redécouvre un art ancestral qui me passionne et réalise enfin mon rêve d’enfance : découvrir le monde. Nous allons au Japon, aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie.

Après le décès de la princesse en 2019, ses enfants m’ont demandé de perpétuer son travail, et je dirige actuellement une école privée de danse classique qui porte son nom, grâce au soutien d’Aquation et de la Canadian International School, qui nous offrent gracieusement l’usage de leurs espaces. L’enseignement est gratuit et ouvert à tout public. Nous venons de présenter en août une nouvelle chorégraphie, La Légende du roi Jayavarman VII et de la reine Indra Devi qui a eu un grand succès. J’espère pouvoir présenter ce spectacle à l’étranger et partager notre culture ancestrale, inscrite au patrimoine universel de l’Unesco. »

Retrouvez le prince TESSO sur Destination Cambodge et Destination Francophonie

2 commentaires
  1. Magnifique reportage et témoignage…il ne faut pas oublier et il faut perpétrer l’Art du Ballet Royal en souvenir de SAR la Princesse Buppha Devi et de toutes les victimes du génocide. Merci à SAR le Prince Tesso pour son action infatigable.

  2. « Notre chantier le monde » devise de la Grande Sipe Batignolles » que nous avons connu ensemble, est devenue une réalité pour le prince Tesso. Son chantier c’est de faire connaître sa culture ancestrale au monde, avec grace et délicatesse.

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