Pour une utilisation intelligente du smartphone en classe de FLE

Posté le par le français dans le monde

Dans le contexte de crise actuelle liée à l’épidémie de coronavirus, votre revue a décidé de mettre chaque jour en ligne, depuis le 20 mars – journée de célébration de la francophonie – et tous les jours à midi, un article du « Français dans le monde » en libre accès. Aujourd’hui, la TRIBUNE de CAMPUS FLE coordonnée par Emmanuelle Rousseau-Gadet (Université d’Angers) du numéro 427 de janvier-février 2020. Bonne lecture (et bon courage) à toutes et tous !

 

Présentation par Guillaume Dujardin, directeur adjoint en charge de la pédagogie, ILCF Lyon
Ah le téléphone portable, cet outil pédagogique ! Est-il judicieux d’intégrer les téléphones portables en classe au lieu de les exclure, par crainte qu’ils déconcentrent les élèves qui pianotent dessus ? Le téléphone peut pourtant se révéler un outil d’apprentissage efficace. Plusieurs enseignants s’accordent même à dire qu’il est possible de tirer profit de toutes ses fonctionnalités et caractéristiques. Entre intégration au sein de la classe et modalités d’utilisation, deux centres de Campus FLE ADCUEFE nous livrent leurs pratiques avec cet outil prometteur.Ah le téléphone portable, cet outil pédagogique ! Est-il judicieux d’intégrer les téléphones portables en classe au lieu de les exclure, par crainte qu’ils déconcentrent les élèves qui pianotent dessus ? Le téléphone peut pourtant se révéler un outil d’apprentissage efficace. Plusieurs enseignants s’accordent même à dire qu’il est possible de tirer profit de toutes ses fonctionnalités et caractéristiques. Entre intégration au sein de la classe et modalités d’utilisation, deux centres de Campus FLE ADCUEFE nous livrent leurs pratiques avec cet outil prometteur.

 

DYNAMISER LE COURS GRÂCE AU TÉLÉPHONE PORTABLE
Par Manon Baptiste et Mandy Schmitt, IIEF – Université de Strasbourg

Serait-il judicieux d’intégrer les téléphones portables en classe de FLE au lieu de les exclure ? Souvent perçu comme source de déconcentration, le smartphone est au centre des critiques et de nombreuses études alertent sur les dérives qui y sont liées, notamment au sein de la classe. Des « boîtes à téléphones » sont parfois installées à l’entrée des salles afin que les apprenants les y déposent pour ne les récupérer qu’à la fin de la séance, les empêchant ainsi de pianoter dessus pendant le cours.

Pourtant, le téléphone peut s’avérer un outil d’apprentissage efficace et plusieurs enseignants s’accordent à dire qu’il est possible de tirer profit de toutes ses fonctionnalités et caractéristiques. Le smartphone offre en effet la possibilité de communiquer directement avec les apprenants, par exemple en leur envoyant des liens ou des QR codes à flasher afin qu’ils accèdent à une plateforme pédagogique.

Par le biais d’applications ou de sites Internet intuitifs et attrayants, nous pouvons également faire évoluer notre méthode d’enseignement. À titre d’exemple, LearningApps.org est un site d’exercices interactifs. Ces exercices peuvent être créés sur mesure par l’enseignant et ce pour tous les niveaux, débutants comme avancés. C’est un outil avec lequel différents objectifs linguistiques peuvent être travaillés, les jeux et les quiz étant souvent considérés comme plus motivants que les exercices structuraux classiques.

D’autre part, une application comme Kahoot! laisse la possibilité à chaque enseignant de créer son propre jeu. Elle permet d’introduire le thème de la séance, de faire découvrir du lexique, et de vérifier ce que les apprenants ont retenu à la fin d’un cours. Elle apporte également de l’interaction, le but étant de répondre à des questions le plus rapidement possible, seul ou en équipe. L’avantage, c’est que de nombreuses applications de ce type existent et qu’elles sont très faciles d’accès : elles ne nécessitent ni la création d’un compte avec de multiples paramètres à régler, ni l’installation d’un quelconque logiciel.

Enfin, l’application gratuite SpyFall offre un large éventail de possibilités afin de réemployer ou de renforcer des compétences, de l’interaction orale à la compréhension écrite, en passant par l’interrogation et l’argumentation. Dans ce jeu de rôle interactif, les participants prennent le rôle de divers personnages, dont celui d’un espion qui devra dissimuler son identité tout au long de la partie. En plus d’instaurer à la fois compétition, coopération et entraide entre apprenants, SpyFall permet de travailler sur la dimension culturelle, la gestuelle et de fixer certains acquis langagiers. Même si l’on a des apprenants de niveaux hétérogènes dans la classe, les plus forts peuvent aider les plus faibles et vice versa étant donné que c’est une application basée sur la stratégie et le jeu. Elle ne nécessite aucune préparation et met spontanément les participants dans l’action, toujours à l’aide du smartphone.

Tous ces éléments tendent à démontrer que le téléphone portable peut bel et bien être inclus dans un cours de langue et permettre à l’enseignant de repenser sa pédagogie, tout en accompagnant les apprenants vers un usage contrôlé et pertinent des outils modernes. Casser les habitudes d’enseignement et d’apprentissage par le biais de la nouvelle technologie est aussi bénéfique pour l’enseignant que pour l’apprenant, car elle fait partie du quotidien et permet sans conteste de dynamiser un cours.

 

DIVERSITÉ DES « APPLICATIONS » DU SMARTPHONE EN COURS DE FLE
Par Edwige de Montigny, DELCIFE – Université Paris Est Créteil

Laisser les étudiants utiliser leur téléphone portable en cours ? Les réticences sont nombreuses : risque de perturbation, d’éparpillement, de déconcentration. Toutefois, cet outil présente plusieurs avantages non négligeables. Pris en main par l’étudiant, sur encouragement de l’enseignant, le smartphone permet diverses mises en activité nouvelles :

1) Entraînement personnel pour une pratique régulière du français : applis de dictionnaire, de conjugaison, de presse, de podcast (ex. : Sybel) et de radio (RFI, France Info, MFM) ; accès aux services universitaires (Affluences, pour l’accès aux bibliothèques), aux documents audio-vidéo partagés sur la plate-forme de l’université, et aux actualités du centre par le biais de l’appli Facebook ; entraînement à l’oralisation d’une chanson, grâce à l’appli Musixmatch ; préparation de certaines certifications (appli TCF).

2) Activité individuelle de langue, lors d’une recherche Internet à faire en classe immédiatement : la recherche vocale oblige à des efforts de phonétique inévitables.

3) Activités collectives de test par le biais d’une application, Quizlet ou Kahoot! : émulation et motivation sont au rendez-vous, pour les dernières révisions avant une évaluation par exemple.

4) Le téléphone comme outil principal d’une tâche finale :

  • Réalisation à plusieurs d’un mini-métrage : les étudiants coécrivent le script, l’enseignant corrige via Framapad (éditeur de texte collaboratif), puis ils tournent le film en mode paysage avec leur téléphone, et le montent avec l’application gratuite FilmoraGo (édition vidéo).
  • Réalisation personnelle d’une vidéo de production orale : l’étudiant se filme et transmet à son enseignant (via Wetransfer par exemple). Elle permet une vérification plus régulière de l’oral de chacun(e), plutôt que de les faire passer en exposé (chronophage et possiblement ennuyeux).

Elle permet une correction plus fine en ce qui concerne la langue : l’enseignant cible les erreurs types et suggère de manière individualisée les corrections phonétiques. Enfin, grâce à cet enregistrement vidéo, l’étudiant(e) s’entend parler, et peut aussi se sentir plus libre vis-à-vis du regard de ses homologues. S’enregistrer sur un simple dictaphone pourrait lui permettre de lire un texte préparé – exercice toutefois moins révélateur.

L’avenir fera peut-être apparaître de nouveaux usages particulièrement pertinents. La technologie ne doit pas phagocyter l’enseignement ; elle ne remplace jamais la qualité de suivi d’un cours en présentiel. Un smartphone n’est pas « smart » en soi : mais intelligemment utilisé, il peut rendre service.

 

TEMOIGNAGE

« Un très bon moyen pour connaître mes camarades et pratiquer mon français »

Par Liam, étudiant australien de niveau a2, à propos des mini-métrages intitulés « typiquement français » réalisés par le groupe en octobre

« C’était une nouvelle expérience de créer un film en français. J’ai beaucoup aimé regarder les films des autres, même si le mien ne m’a pas trop plu. Je trouve génial qu’ils aient utilisé une appli pour monter leur film (j’avoue avoir utilisé mon ordinateur pour le faire). En plus, le site Framapad était vraiment utile pour écrire les dialogues à plusieurs et les faire corriger par la prof. La réalisation des mini-métrages, c’était un très bon moyen pour connaître mes camarades et pratiquer mon français dans un contexte intéressant. »

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