Fdlm 428 – Expression : Fier comme Artaban (2’32’’)

Posté le par le français dans le monde

« La puce à l’oreille » du 18 décembre 2019 – Lucie Bouteloup

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[Musique de générique]

Lucie Bouteloup
Bonjour Chantal ! Alors aujourd’hui, La Puce est fière, elle est même fière comme Artaban. Mais connaissez-vous seulement ce fameux Artaban, qui a donné son nom à cette expression ? Eh bien dans le doute, Catherine Guennec vient tout nous dire sur l’origine de cette locution. Catherine Guennec qui vient d’ailleurs de faire paraitre avec Jean-Jacques Delattre Con comme la lune et 99 autres comparaisons (vraiment) inattendues, un ouvrage édité chez First. Et puis, comme d’habitude, je suis allée à la rencontre d’apprentis linguistes pour leur demander ce que leur inspirait cette expression, fier comme Artaban. Cette semaine, c’est la classe de Muriel Héni de l’école Forest à Paris. On les écoute tout de suite.

[Musique]

[Diverses voix d’enfants :]

– Être fier, être content. Artaban va se marier, il est content, il est ému.
– Fier comme un pingouin. C’est quelqu’un qu’a jamais vu la lumière et pour la première fois il voit la lumière, alors il est content.
– Ça peut être un monument, et quand on a envie d’aller le voir, on est fier.
– Ça peut être quelqu’un qui est un peintre ou un artiste, y fait quelque chose et puis il est fier de lui parce qu’il trouve que son tableau il est beau.
– Peut-être que Artaban c’était un marchand et que beaucoup de gens sont venus lui acheter des choses, donc après il est fier de son argent.
– Moi ça m’a fait penser à quelqu’un qui va à la guerre, qui a gagné la guerre et qui n’est pas mort.

[La puce à l’oreille]

Lucie Bouteloup
Alors Catherine Guennec, être fier comme Artaban : qui est donc cet invité mystère Artaban ? Ça a donné du mal aux enfants, hein…

Catherine Guennec
Oui oui… Alors fier comme Artaban, c’est être bien sûr très fier, arrogant. Y’a plusieurs pistes pour expliquer l’expression.

Lucie Bouteloup
Pourquoi Artaban ? Qui est cet Artaban ?

Catherine Guennec
Alors c’est ce personnage imaginé, imaginaire, qui était donc le héros d’un roman du XVIIe siècle, et un roman qui a beaucoup plu à Madame de Sévigné, qui a contribué au succès de ce livre et peut-être finalement aussi de l’expression, on peut imaginer ça aussi. Voilà.

Lucie Bouteloup
Parce que le héro de ce roman était donc d’une fierté poussée à l’extrême. Donc ça c’est la première possibilité. Et puis il y a une deuxième possibilité, d’autres Artabans, qui étaient un peuple en fait de guerriers redoutables et qui avaient un immense empire, d’où ils tenaient leur grande fierté, en fait. C’était ceux-là, les Artabans. Et il y en a eu plusieurs, donc.

Catherine Guennec
Oui oui.

Lucie Bouteloup
Donc, les Artabans, la lignée de rois vainqueurs, comme quoi il n’était pas si loin que ça notre petit garçon à la fin du micro trottoir. Ou alors ce Artaban fictif. Qu’est-ce qu’on peut  trouver comme synonyme ? Alors quand on est fier comme Artaban en fait, on est fier comme un pou.

Catherine Guennec
On est fier comme un paon, comme un coq, comme un pape. Et quand on dit fier comme un pou, fier comme un pou sur son tas de fumier, « pou » là vient du latin pulus, ça veut dire un jeune coq, donc ça n’a rien à voir avec la petite bête désagréable qui nous saute sur les cheveux. Il y a aussi une autre expression de Frédéric Dard qu’on aime beaucoup avec Jean-Jacques Delattre mon co-auteur, c’est fier comme Ajax avec l’ammoniac en moins, c’est moins sérieux.

Lucie Bouteloup
Alors il y a aussi beaucoup de détournements de cette expression : on dit par exemple être fier comme un bar-tabac.

Catherine Guennec
Oui, tout à fait. On dit aussi fier comme un p’tit banc, fier comme bar Chaban

Lucie Bouteloup
Ça c’était Frédéric Dard le bar-tabac

Catherine Guennec
C’était Frédéric Dard, oui, effectivement. Ou fier comme Barabas, donc ça s’est décliné comme ça en plusieurs expressions.

Lucie Bouteloup
Fier comme l’appât blanc, fier comme un char à banc. Fier quoi, on est fier. Et au Canada on dit qu’on a la tête qui enfle. Donc là on a poussé à l’extrême cette idée de la vanité : en disant donc qu’on a la tête qui enfle, en fait, on a la tête qui passe plus les portes, on a un p’tit peu l’melon, quoi, on a les chevilles qui enflent.

Catherine Guennec
Voilà.

Lucie Bouteloup
En Angleterre et aux États-Unis, on est fier comme un paon. On dit aussi qu’on est vaniteux comme le chat d’un coiffeur. Alors là il faudrait qu’on m’explique pourquoi le chat du coiffeur. Quand en Turquie, on se gonfle comme une dinde ou qu’en Belgique on est fier comme un arrosoir. Eh bien loin des arrosoirs, des dindes et des paons, Catherine Guennec vous êtes venue bien au contraire très humblement éclairé notre lanterne. Merci beaucoup, je rappelle aux auditeurs  qu’ils peuvent retrouver cette Puce et toutes les précédentes sur le site de RFI Savoirs. À très bientôt Catherine Guennec pour une autre expression.

Catherine Guennec
Au revoir !

[Générique de fin, sifflé]

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