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Recherche immigrants parlant parfaitement le français

Posté le par admin

 

Par Laurence Arrighi et Annette Boudreau

 

Le Québec modifie ses attendus en matière de compétences linguistiques pour les candidats à l’immigration. Voici une occasion d’aborder le thème langue et immigration au Canada. La position québécoise – semblable à bien d’autres – exemplifie aussi bien des idéologies sur les rapports entre langue, nation et identité.

Quand la francophonie mondiale pense au Canada, c’est la plupart du temps au Québec et quand elle pense au Québec, il arrive qu’elle songe à la possibilité d’y immigrer. Faire sa vie en sol nord-américain – mais francophone ! – voilà qui est tentant. En témoigne, le succès des différents programmes proposés pour immigrer. L’immigration au Canada est en partie gérée par les provinces qui ont obtenu depuis plusieurs années la possibilité de choisir une part de leurs immigrants via un processus de certification. Depuis lors, la Belle Province, qui la première a obtenu ce droit, privilégie une immigration francophone.

Si l’on comprend bien la visée et l’intérêt de telles mesures pour l’épanouissement de la société québécoise et la maitrise de son avenir… en français ; si l’on comprend que pour faciliter la vie du nouvel arrivant et éviter la trop grande « tentation » de passer à l’anglais, le Québec préfère des immigrants au profil tout au moins francophile ; s’il est acceptable que l’on attende des enfants des immigrants qu’ils acquièrent la langue majoritaire du lieu d’accueil, ce qu’ils sont nécessairement amenés à faire au Québec vu les lois restrictives sur le droit à l’école en anglais ; si l’on admire sincèrement la province voisine pour ses programmes de francisation actifs des personnes immigrantes adultes. Il nous semble que les derniers développements en matière de compétences linguistiques attendues envers les candidats à l’immigration québécoise soulèvent quelques questions. En vigueur jusqu’au 31 juillet 2013, les normes prévues en matière de compétences en français étaient déjà loin d’être négligeables. À partir du 1er aout 2013, de nouvelles procédures sont en place dans le but déclaré de faciliter l’intégration des nouveaux arrivants ; les points de la grille de sélection accordés aux candidats pour les connaissances linguistiques ont été modifiés à la hausse : le niveau intermédiaire est devenu le seuil minimal, le niveau avancé est devenu intermédiaire … Nous ne sommes pas complètement en mesure de jauger et en encore moins de juger ce que l’administration met derrière seuil minimal, niveau intermédiaire ou avancé. Les médias définissent le nouveau profil de ces immigrants désirables par des expressions telles que : parler parfaitement le français, cela afin qu’ils s’intègrent tout aussi parfaitement.

Nous avons là un enchevêtrement d’idéologies particulièrement bien ancrées : celle de la nécessaire convergence linguistique pour assurer les bases d’un État solide et pouvant aspirer à l’indépendance ; celle posant que la discrimination sur bases linguistiques n’en est pas une puisque une langue ça s’acquière selon un mérite individuel ; ou encore celle posant un lien essentiel entre langue et culture et tablant sur le fait qu’un immigrant parlant français est nécessairement de la même culture que les Canadiens francophones et qu’ils partageraient le même sentiment identitaire envers la langue ; enfin, et non la moindre, l’idéologie qui consiste à penser que l’on peut juger des compétences linguistiques en toute objectivité comme il en va par exemple de l’appréciation des poids et mesures.

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