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La correction des activités de production écrite

Posté le par le français dans le monde

Dimanche soir. Le week-end touche à sa fin. La pile de copies du test d’expression écrite que vous aviez déposée vendredi sur votre bureau n’a pas bougé. Il est grand temps de vous plonger dans les corrections, mais cette perspective ne vous enchante guère. Effrayé à l’idée d’assister impuissant à la « fossilisation » des erreurs, vous vous êtes rangé dans la catégorie des correcteurs dits « exhaustifs ». Accords, connecteurs, choix des articles, ponctuation : tout passe à travers votre crible d’expert. 20 minutes par copie, une quarantaine de copies par semaine, 3 cartouches d’encre rouge par mois… La soirée promet d’être longue !Mais aujourd’hui, avant de vous jeter sur la pile, armé de votre plus beau stylo rouge, vous doutez subitement de l’efficacité de vos pratiques correctives. Vous vous posez les questions que nous tous, professeurs débutants ou expérimentés, nous posons. Mes efforts de correction sont-ils récompensés par une réelle amélioration de la compétence en expression écrite ? Mes annotations et remarques sont-elles compréhensibles ? Facilitent-elles le passage aux activités de remédiation ? Une copie corrigée trop exhaustivement ne risque-t-elle pas de démotiver mon élève ?
Alors, vous concluez que le temps consacré à une correction dite exhaustive n’est pas forcément gage d’efficacité.
En discutant avec des collègues enseignants, j’ai pu constater la richesse des pratiques correctives : corriger en grand groupe en reprenant les erreurs les plus fréquentes, faire corriger la copie d’un camarade, fournir une correction « type »… Quelles que soient les modalités choisies, il me semble important de varier les pratiques. Pour ma part, lors des activités de production écrite, j’aime privilégier le travail individuel et pour la correction, j’essaie d’analyser la cohérence du texte avant de focaliser mon attention sur les aspects grammaticaux.
Voici les étapes que je suis en général quand je propose une activité d’expression écrite. Je vérifie la bonne compréhension de la consigne d’écriture en demandant aux étudiants de la reformuler en petits groupes. À ce stade, les étudiants n’écrivent pas mais se concentrent sur la « planification » de leur texte. Ils commencent la mise en texte puis, au bout d’une dizaine de minutes, je leur distribue une liste « mémo » qui a une double fonction : rappeler les objectifs communicatifs du texte (ex : « J’ai exprimé ma satisfaction ») et faciliter la révision du texte  (ex : « j’ai bien choisi l’auxiliaire des verbes au passé composé »). La liste donne aussi l’occasion d’introduire des contraintes spécifiques: utilisation d’une structure syntaxique (ex : « J’ai utilisé 3 structures différentes pour exprimer un conseil ») ou d’un vocabulaire particulier (ex : « j’ai utilisé au moins 3 adjectifs en –able »). Ceci permet d’orienter les productions en fonction des objectifs à travailler. En général, je demande de terminer les productions à la maison et constate souvent que l’étape de révision guidée permet aux étudiants de diminuer significativement le nombre d’erreurs. Je peux alors procéder à une correction plus ciblée et… gagner du temps tous les dimanche soirs !

Et vous, avez-vous des techniques de correction que vous avez envie de partager ? Quels codes utilisez-vous pour permettre à vos étudiants de distinguer leurs erreurs ? Pendant les phases de production et de correction, préférez-vous le travail individuel ou le travail en petits groupes ? Nous attendons vos idées et vos commentaires.

À bientôt pour la riposte !

Lucas Malcor, enseignant à l’Alliance Française Paris Île-de-France

4 commentaires
  1. Bonsoir et merci pour cette idée ! C’est très intéressant, j’ai hâte d’expérimenter tout cela en classe et de lire vos prochains billets. Bonne continuation !

  2. Hhmmmm, j’aime beaucoup l’idée de la fiche mémo en auto-correction avec vérification des objectifs fonctionnels (actes de parole), discursifs (cohérence ou cohésion de l’énoncé) ainsi que les objectifs grammaticaux visés par la séquence pédagogique antérieure…J’adopte!

  3. J’ai animé un cours de français du marketing pour un groupe d’une vingtaine de professionnels. Etant donné le nombre d’apprenants, il était difficile de faire une correction exhaustive de chacune de leurs productions écrites. J’ai du coup opté pour la correction « collective »: après une correction individuelle sur chaque copie (que j’annotais avec mon code de correction; celui-ci était connu par les apprenants – O pour orthographe; Cjg pour conjugaison, Stx pour syntax etc), je relevais les erreurs les plus communes et les plus importantes. En présentiel, j’écrivais les phrases à corriger et demandais aux apprenants d’identifier la ou les erreurs et y proposer une correction eux-mêmes.
    J’ai trouvé que cette méthode a non seulement permis aux apprenants de participer de manière active au processus de correction, mais les aidait aussi à avancer plus vite en apprenant des erreurs de leurs camarades.

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