Fdlm#456 Audio – Expression : être en PLS
Expression : être en PLS
Publié le : 08/07/2024
Transcription : La Puce à l’oreille. RFI
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La Puce à l’oreille.
– Bonjour Lucie !
– Bonjour Pascal ! Au revoir, Yannick.
– Haha ! Sérieusement, sérieusement, Lucie… Vous avez choisi aujourd’hui une expression dans
le vocabulaire des sapeurs-pompiers.
– Des sapeurs-pompiers, mais pas que, puisque aujourd’hui bon nombre d’ados, à l’approche des examens de fin d’année, diront qu’ils sont en PLS. « Être en PLS »,
donc, est-ce que vous savez ce que veut dire cet acronyme ?
Vaguement.
C’est-à-dire ?
Bah, j’ai fait mon stage de secouriste.
Bon bah vous, vous vous en tirez, pardon, beaucoup mieux que quelques-uns.
On va voir ça tout de suite. Alors « être en PLS», la lexicographe Géraldine Moinard, aux éditions du Robert va nous donner des explications. Mais d’abord les explications des quadras.
Bah être en position longitu…, c’est trop dur à dire, longitudinale de sécurité.
Je suis crevé, on ne peut plus rien faire de moi. HS, quoi !
Tu fais un malaise, quoi. Tu es en PLS. Position longitudinale…
Surréagir à quelque chose, se dire…, être choqué peut-être aussi, ça m’a mis en PLS.
C’est un peu comme claquer au sol. Ça se rejoint PLS et claquer au sol.
Plaisir. Loi. Super. Un plaisir loi et super. C’est ce qu’il y a de mieux.
La Puce à l’oreille.
Alors Géraldine Moinard, une réaction aux propositions de ces quadras, quinquas ?
Manifestement, ils ont loupé les cours de sauvetage.
Ah oui, les cours de secourisme. Alors, la position longitudinale de sécurité, ils se compliquent un petit peu la vie puisque PLS çavient de position latérale de sécurité. C’est une position dans laquelle on place une personne inconsciente en attendant l’arrivée des secours. Donc, la personne est allongée sur le côté, la jambe qui n’est pas au
sol est pliée à angle droit, la bouche ouverte, la tête alignée dans l’axe du dos,
et ça lui permet de mieux respirer.
Alors qu’est-ce qu’elle veut dire cette expression « être en PLS » ?
Alors du coup,
l’expression a été reprise par les jeunes. C’est une expression familière qui signifie ne plus en pouvoir, se sentir mal, au sens autant physique que parfois moral. Et donc quelqu’un qui est en PLS, il y a cette idée d’être au bord du malaise. C’est une exagération, comme quand on dit, on a entendu : « je suis au bout de ma vie » ou
« je suis mort ». Évidemment, on exagère cette idée d’être à bout de force.
Alors des expressions avec des acronymes, il y en a pas mal qui sont rentrés dans le
langage courant. Je pense, par exemple, à « LOL » ou à « MDR » pour mort de rire, ou « PTDR » pour péter de rire, « OKLM » ou « KO ».
Ça fait longtemps qu’on utilise des expressions de ce type dans la langue française ?
Oui, c’est plutôt des expressions assez récentes sauf « KO»,
mais c’est vrai que c’est très pratique. Voilà, c’est court, c’est efficace et puis c’est un peu cryptique aussi. Et ça, c’est, en général, ça plaît beaucoup aux ados.
Utiliser des expressions un peu cryptiques qu’on ne peut pas décoder tout de suite.
Ça vient d’où ? Des SMS en fait ? Des téléphones ?
« PLS » je pense que c’est un peu trop récent pour venir des SMS. Autant « OKLM », « LOL », oui, c’est apparu avec les SMS, « PLS », c’est juste une reprise plaisante.
On avait un peu épuisé « être au bout de sa vie » et « être mort ». Et puis la langue se renouvelle, les ados cherchent d’autres façons de le dire, bon, ils vont prendre quelque chose d’un peu similaire et puis réutiliser cette idée de malaise.
Ça fait combien de temps qu’elle est utilisée cette expression à peu près ?
Boh, ça fait une dizaine d’années.
Une dizaine d’années. Elle est très utilisée. Tous les jeunes le disent.
Elle est très utilisée au point qu’elle est rentrée dans le Petit Robert il y a deux ans.
Alors, il y a aussi des expressions qui sont construites sur des abréviations. Je pense par exemple « askip ».
Pour à ce qu’il paraît.
Exactement.
« déso » pour désolé.
Et « il y a R » pour dire « il y a rien ».
Il y a rien.
On se sent en PLS pour dire qu’on se sent pas bien, mais on peut aussi mettre quelqu’un en PLS pour dire qu’on l’humilie.
Qu’on l’humilie, qu’on le tue. Là encore, on peut utiliser l’exagération.
Alors, qu’est-ce qu’on peut dire quand on est en PLS ? On est au bout du rouleau, on est dans le mal, comme diraient les jeunes.
On a entendu ne plus avoir de jus aussi. Je n’ai plus de jus.
On est arraché. Toujours, toujours dans la demi-mesure.
Oui.
On est lessivés. On est raide. On est raide mort même.
Tout ça. Il y a beaucoup, beaucoup de synonymes parce qu’on a souvent
l’occasion d’être fatigué.
D’être au bout de sa vie.
D’être au bout de sa vie.
D’être sur les rotules. En Allemagne, on siffle depuis le dernier trou quand en Angleterre et en Roumanie, on est au bout de la corde.
Ça me fait penser un petit peu à l’expression française quand on dit qu’on a trop tiré sur la corde, qu’on a trop exagéré.
Effectivement, on peut être en PLS quand on a trop tiré sur la corde.
Oui, là, ça sous-entend qu’on a fait une action, que c’est notre faute. Souvent, on est en PLS par l’action de quelque chose d’autre aussi.
En Tunisie, on dit que l’échelle est tombée ou qu’on roule sur la jante. Quand en Côte
d’Ivoire, on dit, je suis fait, pour dire que je suis fatigué.
Merci Géraldine Moinard pour vos explications. Grâce à vous, on a repris du poil de la bête.
Une expression sur laquelle nous reviendrons peut-être plus tard dans une prochaine Puce.
À très bientôt, Géraldine.
À bientôt.