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Fdlm#448 – Mot de l’actualité : Chantre

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Mot de l’actualité : Chantre

« Les mots de l’actualité » du 25/05/2023 – Yvan Amar

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Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture

Ça y est, Ron DeSantis a annoncé sa candidature, non pas encore à l’élection présidentielle, nous n’en sommes pas là, mais à l’investiture du parti républicain aux États-Unis. Et les codes de communication politique sont devenus presque aussi importants que les contenus, les programmes, et donc l’annonce a été faite selon un scénario très réfléchi sur le réseau Twitter pour concurrencer Donald Trump sur son terrain, lors d’une conversation menée par le célèbre patron de ce réseau, Elon Musk, qui semble par là afficher son soutien à De Santis. D’ailleurs, on nous précise dans l’article de RFI qui rapporte tout cela, que Musk a eu un profil politique très changeant, qu’il s’est rapproché de la droite dure incarnée par DeSantis, après avoir permis le retour de Trump sur ce réseau Twitter au nom de la liberté d’expression. Car Musk se présente comme le chantre de la liberté d’expression. C’est la formule qui est utilisée dans RFI pour le décrire justement. Car l’expression se trouve toujours dans ce même article, et donne à ce parfait représentant du modernisme – un voyage dans l’espace, etc – un attribut qui évoque l’ancien temps : chantre de la liberté d’expression.

Mais c’est en même temps une expression assez courante que dire de quelqu’un qu’il est le chantre du progrès, de la liberté, de la démocratie, etc.

Et s’il en est le chantre, c’est qu’il en chante les vertus. On entend bien que les deux mots appartiennent à la même famille : un chantre, au départ, c’est quelqu’un qui chante. Et on sait que le verbe chanter a eu plus d’une signification. La plus ordinaire : vocaliser, émettre une suite de sons musicaux, mais aussi, dans un sens plus ancien, célébrer par un chant. Et là, on est à la limite du chant et de la psalmodie. On se souvient par exemple que les poésies anciennes, les chansons de geste du Moyen Âge, et avant les odes, les épopées de l’Antiquité, étaient écrits pour être récités d’une voix chantante : pas toujours de rimes au bout des vers, notamment en latin et en grec, mais un rythme, des accentuations, qui donnent à ces récitations un phrasé très musical. Arma virumque cano, comme on dit au premier vers de l’Énéide. Cano, c’est-à-dire « je chante », je chante les faits d’armes et la vie de celui qui le premier en Italie, etc., c’est la vie d’Énée. Je chante, c’est-à-dire je célèbre, je glorifie. Et c’est cet écho-là qui s’est gardé dans le mot chantre : au figuré, le représentant d’une cause, d’une tendance, il l’incarne, et en même temps il l’exalte, il s’en fait le héraut. Et tout ça avec quelques effets de manche dans une langue un petit peu pompeuse. Et ce mot de chantre, en plus de ce sens actuel figuré, a gardé ses sens d’origine : un chanteur, notamment dans un contexte religieux. Et on entend parfois parler de cantor, un mot plus rare, plus technique, qui évoque l’allemand, et qui désigne à la fois le chanteur, mais aussi parfois le compositeur qui fait chanter les autres. Jean-Sébastien Bach, pendant longtemps, a été le cantor de la grande église de Leipzig.

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