Catalina Mesa, l’envol de l’esprit féminin

Posté le par le français dans le monde

À chaque numéro, le témoignage d’une personnalité marquante de l’émission de TV5Monde présentée par Ivan Kabacoff. Aujourd’hui, Catalina Mesa, réalisatrice colombienne. Une rubrique « Étonnants francophones » à retrouver dans le numéro 447 (juillet-août 2023) du Français dans le monde.

Bandeau DF


En mai, au Sénat français, qui l’a récompensée pour son engagement.

« J’ai grandi à Medellín, en Colombie. À une époque où, avec mes frères, nous devions faire attention aux heures où on sortait, dans quels quartiers… Tous, nous sommes partis à l’étranger pour étudier. Enfant, j’avais appris un peu le français car j’étudiais dans une école fondée au XVIe siècle par la nièce de Montaigne ! Mais ce n’est pas à ce moment-là qu’a commencé mon histoire d’amour avec la langue française.

Je suis d’abord partie à Boston, aux États-Unis, pour faire du management et de la communication. C’était une découverte de la liberté de circuler, d’échanger, notamment avec les nombreuses communautés étrangères présentes. Je suis ensuite aller à New York pour travailler dans une boîte de production. Avant que ne survienne le 11 septembre 2001. J’habitais tout près. On a été confinés plusieurs semaines. Après ça, tout a changé. L’ambiance, l’énergie de la ville.

Je me suis demandé ce qui était vraiment important pour moi, ce dont j’avais envie. D’un coup, je me suis dit : « Je veux apprendre le français. » Et j’ai fait mes valises pour Paris. Je me donnais 6 mois, pour apprendre la langue et voir si ça me plaisait. J’avais 21, 22 ans. J’ai adoré.

« Après les attentats du 11 septembre 2001, je me suis demandé ce qui était vraiment important pour moi, ce dont j’avais envie. D’un coup, je me suis dit : « Je veux apprendre le français. »

Dans « Destination Colombie ».

Alors je suis restée, j’ai pris des cours d’histoire de l’art et je me suis inscrite en Lettres à la Sorbonne, puis j’ai fait l’école des Gobelins en photographie pendant trois ans, parmi les meilleures années de ma vie ! Avec les autres élèves et les professeurs, il y avait une effervescence créative incroyable, très exaltante. Je cherchais un projet de réalisation, un projet au long cours. J’ai pensé à Ruth Mesa, ma grande-tante de Jericó, un village près de Medellín.

C’est l’esprit d’un temps désormais révolu que j’ai voulu filmer, transmettre et préserver, inspirée par Raymond Depardon dans Profils paysans. Des portraits de femmes que j’ai filmées en restant vivre avec elle dans le village. Et en 2016 est sorti Jericó, el infinito vuelo de los días (Jericó, le vol infini des jours). Je n’avais pas d’autre ambition que de sauvegarder cette culture, ces histoires, ces parlers. Mais ce film a reçu un accueil extraordinaire, obtenu huit prix, été traduit dans plusieurs langues, et il est encore montré par les ambassades de Colombie à travers le monde.

« Avec mon film, Jericó, le vol infini des jours, c’est l’esprit d’un temps désormais révolu que j’ai voulu filmer, transmettre et préserver »

Pendant la crise du Covid, un autre combat a surgi dans ma vie : une multinationale sud-africaine, soutenue par le gouvernement, voulait transformer toute la région de Jericó en un immense district minier, impliquant des risques d’effondrement, de pollution… Menaçant les habitants du territoire et une des plus belles réserves mondiales de biodiversité. Je ne pouvais pas les abandonner. C’est comme ça que je suis devenue activiste.

Nous avons dû batailler pour faire connaître notre lutte, rallier des personnalités connues à notre cause et inventer un nouvel imaginaire basé sur un mot d’ordre : la régénération. Il a fallu rassembler toutes les populations, indigènes, producteurs, entrepreneurs de tourisme, qui d’un village à l’autre ne se parlaient pas forcément. Et, grâce aussi au changement de gouvernement, le projet a fini par être arrêté ! Mais le combat continue et la région a toujours besoin de votre aide (https://salvemosalsuroeste.com/). C’est aussi le but d’Agir pour le vivant, espace d’action et de réflexion autour des problèmes d’écologie, qui est né à Arles en 2020 et dont c’était la seconde édition à Medellín, en mai dernier. »

Retrouvez CATALINA sur Destination Colombie et Destination Francophonie

Et sur son site : Miravus

 

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