Fdlm#446 – Expression : Réécriture

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Expression : Réécriture

« Les mots de l’actualité » du 27/01/2023 – Yvan Amar

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Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture
Une réécriture de certains romans de Roald Dahl va voir le jour au Royaume-Uni et aux États-Unis. Cette réécriture est moins enrouée que ma voix aujourd’hui, mais elle fait polémique. Il faut dire que peut-être il y a de quoi. On peut s’étonner en effet de ces décisions, même si avec un petit peu de recul, elles ne sont pas si surprenantes que ça.
En effet, plusieurs romans de ce grand auteur pour la jeunesse vont être proposés dans une forme différente de l’originale, moins choquante pour certaines catégories de lecteurs. Alors on cède à la mode qui voudrait qu’on ne choquât personne et on supprime quelques adjectifs : par exemple gros, laid. Et même on modifie quelques couleurs de peau pour sacrifier à la diversité.
Heureusement, il paraît que les formes originales des oeuvres seront encore disponibles pour les lecteurs qui veulent vraiment avoir un rapport avec ce qui a été écrit par l’auteur, sans modifications. Mais enfin, on parle de réécriture. Qu’est-ce que c’est que ça ?
Eh bien une nouvelle écriture. Et le mot porte une attention particulière. Il s’agit vraiment de réécrire pour améliorer, en tout cas dans une certaine optique. Alors on amende, on supprime, on modifie.
Et dans le cas qui nous occupe, on peut bien dire qu’on censure ce qu’on trouve insultant ou inapproprié. S’agit-il de versions ad usum delphini ? Cette expression latine, je ne l’ai pas entendue dans les informations qui transmettaient cette nouvelle, mais elle serait relativement à sa place. Mot à mot ad usum delphini, ça veut dire « à l’usage du dauphin ». Et on parlait ainsi des éditions de certains classiques grecs ou latins, qui avaient été modifiés parce qu’ils devaient servir à l’instruction du dauphin de France, c’est-à-dire du fils du roi, le fils de Louis XIV. Ce fils n’est jamais monté sur le trône parce qu’il est mort avant son père, mais il fallait quand même qu’il ait une instruction digne d’un futur roi. Et Bossuet, grand écrivain français, s’en était chargé en expurgeant des livres de ce qu’ils avaient de trop leste. Et on parle d’ailleurs souvent de version expurgée, lorsqu’une censure est venue supprimer ce qui pouvait être gênant.
Alors avec tout ça, on a parlé de réécriture, mais pas de « rewriting », qui bien sûr est un anglicisme dont les emplois sont différents. C’est un terme qui appartient au jargon de l’édition, quand on donne une nouvelle version à un texte qu’on trouve améliorable, pas très bien écrit. Parfois, les éditeurs se contentent de donner quelques conseils aux auteurs ; parfois, ils passent derrière lui pour modifier son texte. Et puis ça se fait aussi pour des rapports officiels, pour des articles de presse. C’est ce qu’on emploie – rewriting – quand on passe derrière quelqu’un pour donner une nouvelle fraîcheur à son texte ou le rendre plus clair. Et bien entendu, ce terme de « rewriting » est calqué sur l’anglais et formé à partir du verbe « to write », qui signifie simplement écrire.

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