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FDLM437 – Expression : Rap

Posté le par le français dans le monde

Expression : rap

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« Les mots de l’actualité » du 25/02/2020 – Yvan Amar

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Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture

Une rappeuse d’Arabie saoudite est en situation difficile puisque son arrestation est demandée par le gouverneur de La Mecque. Ses paroles n’ont pourtant pas l’air terriblement subversives, mais La Mecque n’est pas la ville la plus libérale du monde ! Et le rap, c’est parfois mal vu,
c’est souvent considéré comme un mode d’expression qui défie l’autorité, même si on n’appelle pas systématiquement à la rébellion !
Et ce style musical a une histoire, tout comme son nom. Le mot rap, pour désigner cette forme d’expression apparait dans le courant des années 70, aux États-Unis, associée à la musique noire. On sent bien que le mot est anglais, et d’ailleurs il s’appuie sur un terme ancien qui
signifie parler avec véhémence, avec du bagout. Et il intègre l’anglais d’Amérique du Nord, en changeant légèrement de niveau de langue : il devient plus ou moins un mot d’argot américain ! La vie de la langue a ses mystères et on ne saura jamais très bien pourquoi il va désigner ce
type de phrasé qui devient populaire d’abord dans la musique noire. Mais comme le mot s’entend, on va lui donner un sens, lui inventer un sens. Et, probablement a posteriori, pour ancrer cette pratique dans la culture noire, on transforme le mot en acronyme. Ce qu’on appelle
un acronyme, c’est une suite d’initiales, un sigle qui se prononce comme un mot, en une ou plusieurs syllabes. On reconstruit donc le sens de rap comme s’il s’agissait des initiales des mots « rhythm and poetry » : rythme et poésie. Ce qui est particulièrement pertinent et bien
trouvé.
En effet, les premiers diseurs de rap revendiquaient ces deux domaines, ce qui redonnait ses lettres de noblesse à une poésie populaire. L’un des premiers groupes à avoir fait connaître cette forme s’intitulait The Last Poets. Une vraie poésie urbaine qui inaugurait cette scansion
particulière, ce phrasé saccadé qu’on connait bien aujourd’hui, mais qui était assez novateur. Il ne faut pas croire pour autant que ce rap n’avait pas de préhistoire : c’était nouveau, mais dans la continuité de toute une culture noire. Depuis longtemps on était familier de ce qu’on appelait le « spoken words » : l’expression est parlante : les mots parlés… Et qui, pourtant, accompagnaient la musique, flottaient au-dessus d’une vague musicale. Et tout ça n’était pas sans rapport avec l’éloquence et l’énergie des « preachers » de l’Église baptiste. Je dis «
preacher » en anglais, car le mot se traduit assez mal par prédicateur : il y a une force hypnotique, un pouvoir qui convoque parfois transe dans la manière dont les pasteurs s’adressent aux fidèles et dont ils les font répondre qui annonce déjà la possibilité du rap ! On
est donc dans une sorte de parlé-chanté. Cette expression existe en français, mais s’applique à toute autre chose : une technique de musique classique. L’expression française est d’ailleurs traduite de l’allemand « sprech gesang ».
Le rap est autrement virulent, puisqu’une autre interprétation du mot le donne comme initiales de « rage against the police » : la rage contre la police.

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