banniere single

FDLM436 – Expression : Dictionnaire des francophones

Posté le par Pierre Alain Le Cheviller

Expression : Dictionnaire des francophones

logos rfi_CMJN

« Les mots de l’actualité » du 16/03/2021 – Yvan Amar

Télécharger le reportage audio et la transcription (.zip)

https://savoirs.rfi.fr/fr/apprendre-enseigner/langue-francaise/le-dictionnaire-des-francophones-un-symbole-de-diversite/1

Le mot de l’actualité avec la Délégation à langue française du ministère de la Culture

Yvan Amar : C’est aujourd’hui qu’est lancé le « Dictionnaire des francophones ». Un lancement médiatique, une présentation officielle, une dictée même, on voit bien qu’à cette occasion, pendant cette Semaine de la langue française et de la Francophonie, il s’agit d’un symbole fort. Avec un dictionnaire en ligne, collaboratif qui maintenant est disponible, ce qui veut dire que, même si le travail bien sûr a été encadré par des linguistes, par des lexicographes, par des spécialistes des dictionnaires, il a été nourri par les usagers mêmes de cette langue, qui peuvent ainsi témoigner de l’usage – puisque ce sont des usagers -, de l’emploi, de l’existence, de la vitalité de tel ou tel mot qui, justement, n’est pas forcément celui du voisin, dieu merci. Alors le titre n’a pas été choisi au hasard. Depuis longtemps, on connaît les dictionnaires du français, de la langue française. Et pour ceux-là, c’est le singulier qui prime : la langue, souvent considérée comme unique. Elle a des règles, elle a des conventions, elle a même des puristes. Et elle est née en France. Ce pays, très souvent, a pensé qu’il en était le possesseur d’une certaine façon. Et la France est un pays qui a, depuis des siècles, été très centralisateur : la monarchie française l’était déjà, la république l’était aussi. Le centre avait raison et les périphéries avaient tort semble-t-il, et donc le français se devait d’être unique. Seulement, si cette langue française, elle veut s’ouvrir au monde, il faut qu’elle accepte d’être diverse. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus aucune règle mais les règles doivent se tolérer les unes les autres, admettre, comme on dit, les variations. Et puis le dictionnaire, il n’est pas au service de la langue, il est au service de ses usagers. C’est donc, non pas le dictionnaire de la langue mais celui des francophones. Et pour se comprendre, avec une langue, il faut accepter par exemple ses accents et ceux des autres : l’accent de Paris, ce n’est pas l’accent de Genève ni de Ouagadougou. Et à Paris, eh bien, on a un accent en français, autant qu’à Ouagadougou ou à Genève. Et ce pluriel des francophones nous aide à comprendre qu’il est sot de penser que certains n’ont pas d’accent alors que d’autres ont un accent. Eh bien non, tout le monde a un accent même si les accents ont des histoires. Il peut y avoir un accent qui se donne comme la bonne façon de prononcer ou de phraser, qui considère que toutes les autres musiques de la langue passeront pour un écart par rapport à une sorte d’accent zéro qui s’ignore lui-même, qui dit : « non, non, pas d’accent ici ». Nous n’avons pas d’accent et donc, on a tendance à se moquer de ceux qui en auraient un. Il faut bien savoir que c’est en général l’accent du plus fort, celui du pouvoir qui se donne cette prérogative. Eh bien, parler des francophones, c’est aussi reconnaître cette diversité sonore, et puis c’est enfin mettre le concret, le vivant, les hommes et les femmes qui parlent cette langue au milieu de la belle réalité qu’est une langue. Alors ce mot de francophone, on l’utilise maintenant non pas uniquement comme un adjectif mais comme un nom : un francophone, une francophone.

Télécharger le reportage audio et la transcription (.zip)

Aucun commentaire

Laisser un commentaire