« la langue française est ma muse, mon inspiration, mon outil »

Posté le par le français dans le monde

À chaque numéro, le témoignage d’une personnalité marquante de l’émission de TV5Monde présentée par Ivan Kabacoff. Aujourd’hui, Dominique Hoppe, fonctionnaire à l’Office européen des brevets de La Haye et président de l’Assemblée des fonctionnaires francophones des organisations internationales (AFFOI)Une rubrique « Étonnants francophones » à retrouver dans le numéro 427 (janvier-février 2020) du Français dans le monde.

Bandeau DF


« Je suis longovicien (natif de la commune de Longwy), lorrain, français, européen, francophone et citoyen du monde. La langue française n’est pas seulement ma patrie, comme disait Camus, elle est aussi mon plus fidèle amour ; un amour pur qu’on peut partager avec bonheur, sans contrainte ni jalousie.

Fils de sidérurgiste, j’ai participé, au début des années 80, aux âpres luttes du bassin houiller lorrain et exprimé par le verbe la passion pour cet acier qui coulait dans mes veines. C’est ensuite grâce à cette langue française, et à la connaissance, moins intime, de certaines de ses sœurs (anglais et allemand), que je me suis transformé, sous l’influence naturelle des valeurs qu’elle m’avait inculquées, en acteur européen. Et c’est pour la défendre, elle et ces mêmes valeurs qu’elle symbolise – l’honneur, le respect, l’engagement… – que, à la tête de l’Assemblée des fonctionnaires francophones des organisations internationales (AFFOI), je me suis battu sans relâche pour les diversités linguistique, culturelle et conceptuelle dans les organisations internationales.

« À la tête de l’Assemblée des fonctionnaires francophones des organisations internationales (AFFOI), je me suis battu sans relâche pour les diversités linguistique, culturelle et conceptuelle dans les organisations internationales »

Ce fut un voyage éprouvant mais riche d’expériences extraordinaires et enrichissantes, de rencontres avec des êtres d’exceptions, tels que l’ancien président sénégalais et Secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf, l’ex-directrice de l’Unesco Irina Bokova, la journaliste Anne-Cécile Robert ou le juge Bruno Cotte, engagés à leur façon dans le même combat. Il m’a également amené à agir au sein d’une multitude d’organisations telles que la Cour pénale internationale, ce qui explique mon intervention dans le cadre de Destination Francophonie sur La Haye. Il m’a enfin offert le bonheur de fréquenter ces nombreuses cultures qui caractérisent la francophonie, et de puiser, grâce au pouvoir de notre langue commune, dans la richesse de leurs différences.

Lors de la remise du prix Gusi de la paix 2014, avec la princesse Isabelle du Mindanao.

C’est probablement le mot qui caractérise le mieux ce que fut ma vie au service du français. Mais on ne peut vivre que de lutte. Il faut aussi rêver, aimer, construire. Et là encore c’est la langue française qui fut ma muse, mon inspiration, mon outil. Tout commença par la volonté de lier organisations internationales et société civile francophone. Utiliser la langue française pour mélanger politique et culture. Quelle belle idée !

« En 6 semaines, des centaines de poètes originaires de plus de 50 pays envoyèrent 539 poèmes. L’émotion était au rendez-vous »

Aussi, en 2014, en parallèle du Sommet des chefs d’État francophones à Kinshasa, un concours de poésie ayant pour thème notre langue et pour inspiration le tableau Francophonie et langue française du peintre Christian Wind fut organisé. Et les poètes francophiles répondirent présents au-delà de tout espoir. En 6 semaines, des centaines de poètes originaires de plus de 50 pays envoyèrent 539 poèmes. L’émotion était au rendez-vous. Conversation entre deux poétesses, palestinienne et israélienne, pleurant de chaque côté du mur de Gaza, témoignage d’un poète rwandais sur sa survie après la disparition de sa famille pendant le génocide, témoignages d’amour pour le français sous une multitude d’expressions culturelles…

Une source inépuisable de « perles en français » qui fut une des plus grandes fiertés de ma vie. J’envisage d’ailleurs de créer un petit spectacle intimiste à présenter dans les écoles et ambassades autour de cette belle aventure et du recueil de poésie qui en est né. Ce fut aussi le point de départ d’un amour profond pour l’expression poétique, qui s’est concrétisé par la création d’un mouvement artistique « Vent et Esppoir », clin d’œil aux noms du peintre et du poète, Christian Wind (« Vent ») et Dominique Hoppe (« Esppoir »).

Oui, en ce qui me concerne la langue française est de tous les combats, de tous les bonheurs, de toutes les expressions. Et c’est aussi pour elle et par elle que je voulais offrir ces quelques lignes de pensées intimes. »

Retrouvez DOMINIQUE dans Destination Francophonie

Aucun commentaire

Laisser un commentaire