« Je ne cesse de nouer des liens entre la France et Taïwan »

Posté le par le français dans le monde

À chaque numéro, le témoignage d’une personnalité marquante de l’émission de TV5Monde présentée par Ivan Kabacoff. Aujourd’hui, Kunyung Wu, traducteur et éditeur taïwanais. Une rubrique « Étonnants francophones » à retrouver dans le numéro 422 (mars-avril 2019) du Français dans le monde.

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Kunyung, le jour de la remise de la médaille des Arts et Lettres, en février 2018.

« Je suis entré à l’Université nationale de Taïwan en 1987 pour suivre des études. C’est la même année de la levée de la loi martiale après presque 40 ans de regime autoritaire de Tchang Kaï-chek et de son fils; une date marquante du mouvement démocratique de Taiwan. L’Université possédait un département de sociologie, animé par des professeurs diplômés des universités américaines. À l’époque, avec l’école de Francfort, les sociologues français avaient le vent en poupe : Levi-Strauss, Foucault, Bourdieu… Une force critique très inspirante dans un régime post-autoritaire ! Il y avait d’ailleurs deux profs enseignants français à l’université : Jacques Picoux et Françoise Zylberberg, qui pendant trente ans eurent une grande influence sur les étudiants concernant les arts et la culture.

« À l’époque, avec l’école de Francfort, les sociologues français avaient le vent en poupe : Levi-Strauss, Foucault, Bourdieu… Une force critique très inspirante dans un régime post-autoritaire! »

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Kunyung lors d’une réception d’auteurs dans la librairie française de Taipei, le Pigeonnier.

Je désirais continuer mes études en Europe, mais j’hésitais entre l’Allemagne et la France. C’est le hasard qui a choisi : j’ai voulu apprendre l’allemand, mais il était trop tard pour s’inscrire à l’Institut Goethe. Mais pas à l’Alliance française pour apprendre le français ! Et je ne l’ai jamais regretté car la langue française m’a beaucoup plu, au point que je suis parti pour Paris en 1992. J’y suis resté dix ans, passé de la sociologie en philosophie politique pour aller travailler avec Miguel Abensour sur la question de la démocratie… J’ai pu aussi bénéficier de toute l’expérience qu’apporte le fait de vivre à Paris : assister à des conférences à l’École des hautes études en sciences sociales ou à l’Unesco, mais aussi profiter de toute la vie culturelle : c’était un véritable apprentissage de la langue et de la culture françaises.

« J’ai pu bénéficier de toute l’expérience qu’apporte le fait de vivre à Paris : assister à des conférences à l’École des hautes études en sciences sociales ou à l’Unesco, mais aussi profiter de toute la vie culturelle : c’était un véritable apprentissage de la langue et de la culture françaises. »

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Lors d’une réunion de l’Association taïwanaise des traducteurs de français.

En 2002, je suis retourné à Taïwan. Mon contact avec la culture française continuait grâce notamment à la librairie française Le Pigeonnier, qui a ouvert en 1999 à Taipei grâce à Mme Zylberberg. Je venais à titre bénévole pour servir d’interprète quand il y avait des invités. Ç’a été une chance incroyable, une merveilleuse formation à travers laquelle j’ai pu nouer des échanges entre la France et Taïwan, que je ne cesse aujourd’hui de poursuivre, en tant que traducteur et interprète, président de l’Association taïwanaise des traducteurs de français (ATTF). Mais je suis aussi éditeur, j’ai cofondé en 2010 les éditions Utopie avec un ami psychanalyste. Je m’occupe de traduire ou de faire traduire en chinois des livres de critique socio-politique, par exemple d’Abensour ou du grand sinologue Jean-François Billeter. Nous avons aussi dernièrement publié des textes engagés, pour promouvoir l’abolition de la peine de mort à Taïwan, par exemple. »


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