Fdlm 408 – Société : quelle parité pour les hommes et les femmes dans les entreprises ? (3’35’’)

Posté le par le français dans le monde

Qu’en est-il de nos jours de la parité entre les hommes et les femmes dans les entreprises ? Dans la majorité des cas et quelles que soient leurs compétences, les femmes continuent de vivre des situations professionnelles moins valorisantes que leurs collègues masculins : revenus plus faibles, emplois moins qualifiés, sous-emploi plus fréquent. Elles restent minoritaires dans les postes de décisions et de responsabilités de haut niveau et certaines professions continuent de leur sembler inaccessibles. Nos petites journalistes n’ont que 11 et 12 ans, mais elles se préoccupent déjà des inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde du travail. Elles sont au micro de Gilles de Romilly.

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TRANSCRIPTION

Gilles de Romilly – La parité progresse en politique en France / depuis 2008 la loi oblige les partis politiques à présenter sur leurs listes lors des élections autant d’hommes que de femmes / mais à la tête des entreprises / c’est une tout autre histoire puisqu’on compte 900 000 femmes chefs d’entreprise pour 1 800 000 hommes / le double donc / Juliana / Maïlys / Lilijoe et Léa / des collégiennes de la région parisienne / questionnent Brigitte Grésy / la porte-parole du Conseil supérieur de l’égalité entre les femmes et les hommes Maïlys – Est-ce qu’il y a autant de femmes que d’hommes patrons dans les entreprises – B. G. – Maïlys / il y a beaucoup moins de patronnes que de patrons / aujourd’hui on n’est même pas à 10 % de femmes dans les six cents premières grandes entreprises européennes qui sont patronnes / donc on voit bien que c’est très très très peu / alors que la place dans les conseils d’administration / c’est beaucoup mieux parce qu’il y a une loi qui oblige à avoir 40 % du sexe représenté dans les conseils d’administration en 2017 – G. de R. – Lilijoe – L. – Pourquoi quand on dit commentateur ou pilote / on se représente plus l’image d’un garçon que d’une fille – B. G. – Tu poses la / la question essentielle / c’est ce qu’on appelle les / les stéréotypes hein / les systèmes de représentation / quand on parle d’énergie / de prise de risques / d’avions / on voit plutôt un homme / quand on parle de guerres / de soins / on voit plutôt / d’infirmière / on voit plutôt une femme / ce qui est absurde / les filles et les garçons sont capables de faire tous les métiers – G. de R. – Léa – L. – Est-ce que les hommes ont plus d’avantages que les femmes dans les entreprises – B. G. – Dans la loi / dans les règlements / non / mais de fait ils sont plus avantagés / ils sont davantage promus / ils gagnent davantage et ils sont plus dans les petits papiers des employeurs / parce que 80 % du temps domestique / ce sont les femmes qui le prennent en compte et les employeurs préfèrent avoir des hommes qui sont corvéables à merci – G. de R. – Maïlys – M. – Pourquoi les femmes sont plus souvent en dessous des chefs / un peu comme des servantes – B. G. – Exactement / un peu comme des servantes / elles sont dans l’ombre hein / elles sont souvent adjointes et pas chefs / c’est ce qu’on appelle encore le plafond de verre / alors que les femmes ont en elles toutes les compétences / tous les talents pour devenir chefs comme les hommes – G. de R. – Est-ce qu’il y a pas un peu aussi dans l’inconscient collectif des femmes / ancré au fond d’elles-mêmes – B. G. – Absolument – G. de R. – Le fait qu’elles peuvent pas accéder à certaines fonctions – B. G. – Tout à fait / les stéréotypes de sexe / ils agissent doublement / d’une part ils servent à exclure les femmes des hautes responsabilités et d’autre part les femmes s’excluent d’elles-mêmes / parce que leur sentiment de légitimité et la construction de leur ambition n’a pas été faite de la même façon depuis l’enfance / on n’apprend pas aux filles et aux garçons les mêmes choses à l’école – G. de R. – Lilijoe – L. – Est-ce qu’il y a plus de femmes au chômage que d’hommes – B. G. – Il y a eu pendant très longtemps plus de femmes au chômage que d’hommes / mais aujourd’hui ça s’égalise et il y a beaucoup beaucoup de femmes qui sont ce qu’on appelle des travailleuses pauvres – G. de R. – C’est-à-dire des travailleuses à temps partiel / sur des emplois peu qualifiés – B. G. – À temps partiel / pauvres / etc. / donc la précarité / c’est pas seulement le chômage / c’est aussi le sous-emploi – G. de R. – Juliana – J. – Est-ce que tous les patrons préfèrent embaucher des femmes que des hommes – B. G. – Alors là / c’est un peu ambigu / d’une part ils préfèrent embaucher des hommes parce qu’ils considèrent que les hommes sont moins des agents à risques précisément parce qu’ils ne s’occupent pas beaucoup des enfants / mais en même temps aujourd’hui comme ils ont besoin de compétences et que c’est les femmes qui ont des compétences / quand même les deux tiers des diplômés du troisième cycle / c’est des filles hein / donc c’est très important / eh bien de temps en temps ils sont quand même bien contents de recruter des filles / il y a un discours qui change / maintenant ils disent / ah moi / je recrute des femmes / elles sont meilleures – G. de R. – Lilijoe – L. – Est-ce qu’il y a des entreprises où ça se passe bien pour les femmes – G. de R. – Quand même – B. G. – On espère / il y a des entreprises qui affichent des politiques bienveillantes pour les femmes et pour la parentalité / des entreprises qui sont plus ouvertes à une flexibilité des horaires / donc oui / il y a des entreprises qui aujourd’hui se disent / faire le pari de l’égalité / c’est faire le pari de la modernité / c’est faire le pari finalement de l’innovation et donc je veux recruter des hommes et des femmes.

LEXIQUE

Sexe, une personne du sexe : (vieilli) le mot, employé de façon absolue, sans autre qualificatif, désigne les femmes en général. Exemples : « Qui peut douter de l’ascendant que sait prendre le sexe sur l’autre moitié du genre humain ? » (cité dans le dictionnaire de Féraud) ; « Voulez-vous inspirer l’amour des bonnes mœurs aux jeunes personnes du sexe… ? » (Rousseau).

Être dans les petits papiers de quelqu’un : (expression imagée) jouir de la faveur, de la considération de quelqu’un, bénéficier du soutien de quelqu’un, être apprécié, être bien vu.

Plafond de verre : (métaphore, traduction de l’anglais glass ceiling) notion apparue aux États-Unis à la fin des années 1970 pour décrire le phénomène d’exclusion des femmes des postes de responsabilités dans la vie politique et dans les entreprises ; ensemble des obstacles invisibles, tacites, implicites, occultes, auxquels se heurtent les femmes, mais également d’autres catégories de personnes (jeunes, immigrés…) dans l’accès à des positions professionnelles ou organisationnelles auxquelles elles pourraient prétendre.

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