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Audio – Une histoire de couleurs (2’26’’)

Posté le par le français dans le monde

Il a reçu en 2010 le prix Médicis pour son ouvrage Les couleurs de nos souvenirs. Historien et spécialiste de la symbolique des couleurs, Michel Pastoureau relate dans ce livre son rapport intime à la palette et décrit la force symbolique du rouge, du bleu, du vert… Sa thèse : ce n’est pas l’œil ou le cerveau qui fait la couleur, mais la société. La couleur est culturelle, c’est un concept évolutif et relatif qui s’inscrit dans l’évolution de nos sociétés. Gaël Letanneux l’a rencontré pour FDLM.

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TRANSCRIPTION

Gaël Letanneux – Des ateliers de peinture de son grand-oncle à la pharmacie de sa mère / Michel Pastoureau se plonge dès l’enfance dans le langage des couleurs / un terrain de jeux d’abord inconscient / mais qui va guider toute sa carrière de chercheur / le rouge des fortifiants / le bleu des somnifères / avec une préférence toute personnelle pour le vert / couleur de l’ambivalence et de l’éphémère – M. P. – C’est une couleur qui chimiquement a longtemps été instable / en peinture et en teinture / et par là même les cultures européennes l’ont associée à tout ce qui était symboliquement instable / l’enfance / ça ne dure pas / l’amour / ça ne dure pas / la chance / ça tourne / le destin / le hasard / les / les tapis de jeux sont de couleur verte depuis au moins la fin du Moyen Âge / à Venise on a déjà des casinos au XVIe siècle où on joue aux cartes sur du vert / les compétitions sportives se déroulent sur du vert / donc la table de ping-pong est verte comme sont verts les tapis des conseils d’administration des entreprises où on décide du sort des travailleurs et de l’entreprise elle-même parfois – G. L. – Et parmi les sept couleurs de l’arc-en-ciel Michel Pastoureau constate que le bleu domine largement en Occident / la moitié des Européens et des Américains considèrent que c’est là leur couleur préférée / couleur la plus portée aussi grâce aux jeans / couleur du consensus résume Michel Pastoureau – M. P. – Quand une institution quelconque / j’en ai fait l’expérience / cherche à se donner une couleur emblématique / elle cherche à ne pas faire trop de vagues / et alors ceci / oh non / c’est trop connoté comme ça / le choix par soustraction finit toujours par aboutir à la couleur bleue / pacifique et consensuelle / mais du coup la / la force symbolique évidemment est un peu atténuée – G. L. – Les couleurs sont culturelles / explique Michel Pastoureau / ce n’est pas l’œil / le cerveau / mais bien la société qui fait les couleurs / le latin distinguait des nuances de blanc ou de noir / nuances aujourd’hui disparues / mais qui sont toujours une réalité chez les Inuits ou dans certaines langues africaines ou asiatiques / l’Occident est donc saturé de bleu / mais dans trente / cinquante / cent ans / Michel Pastoureau parie sur le retour du jaune – M. P. – Moi / j’investirais dans le jaune / presque rien n’est jaune dans nos appartements / dans le spectacle de la rue / même dans le vêtement / donc je jouerais le jaune si j’étais un créateur – G. L. – La couleur / c’est ce qui cache / recouvre et habille / écrit Michel Pastoureau / conscient d’avoir ouvert un nouveau champ de recherches à la frontière des sciences / de l’histoire et de la sociologie / jeune chercheur dans les années 60 / Michel Pastoureau se souvient que ses travaux faisaient sourire à l’époque / aujourd’hui / ils font référence.

LEXIQUE

Faire des vagues : provoquer, susciter de vives réactions, choquer ; à l’inverse, ne pas faire (trop) de vagues : rester discret, rester neutre, éviter de choquer.

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– Fichier audio à télécharger (.ZIP) : 06-Une histoire-de-couleurs

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