FDLM #460 – Audio Culture : Exposition « Sorcières : fantasmes, savoirs, liberté »

Posté le par Le français dans le monde

Reportage Culture du 15 juin 2025
avec Le français facile avec RFI

 

Télécharger le reportage Audio sur l’exposition 

Activités de niveau B2

 


[Bruits de bourrasque et musique qui évoque des sorcières de cinéma]
Carmen Lunsmann : Entourées de serpents, de chauves-souris, de chats noirs, ces sorcières aux nez crochus et aux
chapeaux pointus, hantent notre imaginaire depuis le Moyen Âge.
Sophie Kervran, conservatrice en chef du musée de Pont-Aven, souhaite mettre en lumière la femme derrière cette allégorie du mal, de la mort, du vice et de la vieillesse.
[Musique plus joyeuse]
Sophie Kervran : Notre exposition, elle se centre vraiment sur la vision qu’ont les artistes du XIXe siècle sur cette figure qui a connu un renversement, notamment avec la parution de l’ouvrage de Jules Michelet, qui s’intitule La Sorcière, en 1862. Et qui, pour une fois, montre une sorcière jeune, positive, en osmose avec les éléments naturels.
Carmen Lunsmann : « Dans la campagne, on n’est jamais savant sans être quelque part sorcier », disait George Sand, romancière éclairée et femme farouchement indépendante ; évoquant ainsi les guérisseuses du village et leurs connaissances de la médecine alternative. Mais l’exposition débute bien avant.
[Musique plus dramatique, avec bruits de cloches]
Sophie Kervran : Quand le visiteur entre dans notre exposition, il est confronté à un tableau assez inquiétant – Victime, de Gustave Moreau – où on voit une femme avec un poignard dans le flanc et qui nous montre, nous, d’un signe accusateur. Et on a mis en parallèle le Malleus Maleficarum, le Marteau des Sorcières, qui a été écrit en 1486 par deux moines dominicains, des inquisiteurs ; qui est en fait un traité, un véritable best-seller, qui indique comment chasser la sorcière – la chasse aux sorcières a eu lieu du XVe au XVIIe siècle – comment les torturer pour leur extorquer des aveux.
Carmen Lunsmann : On estime entre 60 000 et 90 000 personnes pendues où brûlées pour sorcellerie, dont deux tiers de femmes. Victimes de superstitions, de règlements de comptes, de misogynie, rappelle la directrice de ce musée en Bretagne, qui fait également un clin d’œil à son propre patrimoine.
Sophie Kervran : C’est un tableau d’Edgar Maxence qui s’appelle La légende bretonne. Et là, pas d’attributs de la sorcière, pas de balai, pas de chapeau pointu, même pas de chat noir ; mais cette femme qu’on reconnaît sorcière, parce qu’elle a cette chevelure rousse symbolique du diable. Sous sa houppelande d’hermine, on aperçoit ses pieds. Mais est-ce que ce sont des poulaines – ces chaussures médiévales – ou est-ce que ce sont des pieds de bouc ?
Carmen Lunsmann : L’ambivalence est reine dans cette exposition aux visions tantôt cauchemardesques, tantôt enchanteresses. Des visions masculines que l’exposition met en contrepoint avec une vingtaine d’œuvres d’artistes femmes d’aujourd’hui. Dans sa série « Innocente », Dalila Dalléas Bouzar, d’origine algérienne, montre des sorcières noires, nues, libérées. Sans oublier que le sous-titre : « fantasmes, savoirs, liberté » de l’exposition rend aussi un hommage discret au mouvement iranien « Femme, Vie et Liberté ». Un rappel que la chasse aux sorcières n’est pas totalement éradiquée dans ce monde.


Lexique
Les attributs négatifs des sorcières : un serpent ; une chauve-souris ; un chat noir ; un nez crochu ; un chapeau pointu ; hanter ; le mal ; la mort ; le vice ; la vieillesse ; inquiétant/inquiétante ; une chevelure rousse ; des pieds de bouc ; le diable.
Les attributs positifs des sorcières : être en osmose avec les éléments naturels ; éclairé/éclairée ; indépendant/indépendante ; un guérisseur/une guérisseuse ; la médecine
alternative ; libéré/libérée ; le savoir ; la liberté.
L’époque médiévale : le Moyen Âge ; un moine dominicain ; une houppelande d’hermine ; des poulaines ; des chaussures médiévales.
La chasse aux sorcières : L’Inquisition ; un signe accusateur ; un inquisiteur ; torturer ; extorquer des aveux ; être pendu/pendue ; être brûlé/brûlée ; la sorcellerie ; une superstition ; un règlement de comptes ; la misogynie.
Les arts : une conservatrice en chef ; un musée ; une exposition ; un/une artiste ; un ouvrage ; un romancier/une romancière ; un tableau ; un best-seller ; une série


Iconographie : «The Love Potion» de Evelyn De Morgan (1903)

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