Fdlm 415 – Technologie : le patient numérique (3’51’’)

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L’INRIA, Institut national de la recherche en informatique de Nice, a mis au point un modèle numérique de patient qui permet d’optimiser certains traitements médicaux. C’est un ensemble d’algorithmes qui reproduisent la forme et la physiologie des organes d’un patient moyen et que l’on peut ensuite personnaliser afin que ce programme corresponde précisément à un patient réel. Cela permet d’examiner, notamment, les images médicales de patients atteints de la maladie d’Alzheimer ainsi que leur comportement, et ainsi de mieux prendre en charge l’évolution de la maladie. À partir de ce modèle, une start-up issue de ce même laboratoire a réussi à faire un outil aussi performant que les meilleurs radiologues pour l’interprétation des mammographies. Explications de Nicholas Ayache, au micro de Jérôme Colombain.

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TRANSCRIPTION
Jérôme Colombain
– Utiliser des algorithmes pour modéliser des patients sur ordinateur afin de les soigner bien entendu / c’est possible et cela ouvre d’étonnantes perspectives / on en parle avec Nicholas Ayache / bonjour – N. A. – Bonjour – J. C. – Vous êtes directeur de recherches à l’INRIA / l’Institut national de la recherche en informatique / à Nice / vous travaillez sur le patient numérique personnalisé / mais de quoi s’agit-il – N. A. – Eh bien / ce patient numérique / c’est d’abord un ensemble d’algorithmes qui vont reproduire l’anatomie / c’est-à-dire la forme et la physiologie de / des organes d’un patient moyen / et ensuite on va personnaliser les paramètres de ces algorithmes pour que ce patient moyen devienne un patient numérique correspondant au patient qu’on examine – J. C. – Et alors à / à quoi ça sert / qu’est-ce que ça peut permettre – N. A. – Alors je peux vous donner un exemple / on travaille actuellement avec le CHU de / de Nice / avec des biologistes de la neuropsychiatrie numérique / alors on utilise l’informatique pour examiner à la fois les images médicales de patients / qui ont par exemple la maladie d’Alzheimer / mais également on analyse par exemple leur comportement / un comportement qui peut être mesuré par des / des capteurs de mouvements / des capteurs de la voix / et on peut même ajouter des informations euh / qui viennent de la biologie / des informations génétiques / et de cette manière on prend mieux en charge le patient / on suit mieux le développement de sa maladie / et surtout l’efficacité de / de la thérapie – J. C. – Alors vous travaillez sur d’autres pistes / là vous parlez de la maladie d’Alzheimer / dans quel autre domaine on peut utiliser ce patient numérique personnalisé / Nicholas Ayache – N. A. – Eh bien un autre exemple / c’est une start-up là / qui est issue de notre institut / qui s’appelle Therapixel / et qui vient de remporter un challenge mondial d’interprétation de / de mammographies / ce sont des radiographies du sein / et la start-up / elle a entraîné un algorithme d’apprentissage profond sur près d’un million d’images / qui avaient été préalablement interprétées par des experts / et maintenant sur de nouvelles images / elle a des performances presqu’aussi bonnes que les meilleurs experts radiologues / alors l’avantage / c’est que l’algorithme / il peut fonctionner 24 heures sur 24 / 7 jours sur 7 / continuer à apprendre / et il permet donc aux radiologues de dégager du temps pour se consacrer sur les mammographies qui sont vraiment suspectes / seulement 10 % par exemple / on est dans l’intelligence artificielle / et cette intelligence artificielle / elle peut servir aussi à aider à l’interprétation de nouvelles images médicales / par exemple il y a une start-up française qui s’appelle Mauna Kea Technologies / qui a créé une / un microscope qu’on introduit dans le corps humain / qui produit des images qui sont / qu’on appelle des biopsies optiques / et ces images d’une nouvelle nature / eh bien on utilise l’intelligence artificielle pour aider à l’interprétation de ces nouvelles images – J. C. – Nicholas Ayache / est-ce qu’avec les travaux que vous menez à l’INRIA / et d’une manière générale le recours à l’informatique aujourd’hui en médecine / est-ce que demain on pourra tout soigner / tout réparer – N. A. – Non / je pense pas / en fait il faut voir ces outils informatiques comme des outils qui / qui ont encore besoin de / de progrès en / en modélisation / modélisation du vivant à toutes les échelles hein / depuis les échelles moléculaires jusqu’aux organes entiers / on a aussi besoin de mieux comprendre un certain nombre d’algorithmes / par exemple l’intelligence artificielle suscite beaucoup d’espoirs / mais il y a encore beaucoup de choses à comprendre dans le fonctionnement même de ces algorithmes pour pouvoir les utiliser de manière très confiante et en toute sécurité / mais les progrès sont / sont spectaculaires / notamment ces dernières années / et je pense que vraiment la médecine numérique offre des perspectives extraordinaires pour la santé des prochaines années – J. C. – Merci Nicholas Ayache / directeur de recherches à l’INRIA à Nice.

LEXIQUE
CHU :
sigle pour centre hospitalier universitaire ; les CHU ont un statut mixte, avec un triple rôle : les soins, l’enseignement et la recherche.

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