Fdlm 419 – Société : Enseigner l’art à l’école, quels bienfaits ? (4’35’’)

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Enseigner l’art à l’école : quels bienfaits ? (RFI – 7 milliard de voisins, 20 avril 2018, Charlie Dupiot)

 

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Pour aller plus loin, faites les exercices sur RFI Savoirs :

Exercice : https://savoirs.rfi.fr/fr/apprendre-enseigner/societe/la-source-de-lart-et-des-jeunes/1

Quiz : https://savoirs.rfi.fr/fr/apprendre-enseigner/societe/lart-a-lecole-votre-avis/1

 

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Charlie Dupiot : Mais tout de suite, reportage. « L’Orchestre à l’école » : c’est le nom d’une association qui depuis 10 ans, propose à des classes de former des orchestres, cela en partenariat avec les conservatoires de musique de leur ville / Chaque année en France, le dispositif touche 33 000 enfants, avec 1 230 orchestres, à travers tout le pays. / Et certaines classes vont même se produire en concert, dans deux semaines à peine, à l’Olympia, mythique scène parisienne. / Notre reporter, Alice Milot, s’est immiscée en pleine répétition – l’une des dernières –, avec les élèves du collège Henri Barbusse, à Bagneux, en région parisienne.

 

Le chef d’orchestre : Même endroit, vous voyez où on est ? [Les élèves acquiescent] Attention : tuba. Polompompom ! Roulement, je veux l’entendre le roulement hein, de timbale [claquement de doigts pour battre le rythme]

Vous pourrez pas le jouer quatre fois de suite comme on vient de le faire là / Ça sera une fois. Si c’est pas bon, ben c’est pas bon… / et c’est dommage. Donc, vous allez vous concentrer tout de suite, pour le jouer la première fois comme vous l’avez joué là, la quatrième fois. / Aller, on dit que c’est la première. [L’orchestre démarre]

 

Une jeune : Bon moi, je fais du saxophone alto.

Alice Milot : C’est toi qui a choisi le saxophone ?

La jeune : Oui. Parce que quand j’étais petite, ben, je regardais les Simpson et Lisa, elle jouait et moi j’aimais le son.

Alice Milot : Et est-ce que tu te souviens donc de la première fois où t’as joué dedans ?

La jeune : En fait, j’en avais jamais touché. Et quand je l’ai touché, ben j’étais trop contente et heu, enfin je sais pas comment expliquer heu, c’était comme un rêve.

 

Un jeune : C’est la famille musicale ici !

Alice Milot : Qu’est-ce que tu veux dire par famille musicale ?

Le jeune : On est tous ensemble, on se soutient tous, y’a pas de …. on met personne à l’écart.

 

Alice Milot : Et est-ce que vous imaginez un jour vous, jouer dans un orchestre ?

Plusieurs jeunes : Non !

Un des jeunes : C’est quand même de l’argent pour payer des instruments. Et heu, après faut avoir les moyens.

Alice Milot : Parce que toi tu joues quoi comme instrument ?

Le même jeune : Tuba.

Alice Milot : C’est un instrument qui coûte cher ?

Le jeune : 2 000 euros quand même.

 

Un autre : Y’a des enfants, ils disent : « ouais c’est nul », j’sais pas quoi. Genre : « t’es une fille quand tu fais de la musique » et tout ça. Y’a des gens qui disent ça mais ….

Un autre … Quand on voit les instruments en face, là c’est moins ringard là !

 

Alice Milot : Vous allez jouer à l’Olympia, dans quelques semaines. C’est un peu la pression, là.

Plusieurs en même temps : La grosse pression ! / mais non / ben si, ben si, ben si…

Un jeune : Non, mais en fait, déjà quand on joue dans l’auditorium et qu’on a un concert, y’a cent personnes on va dire, déjà on a un peu le trac ; alors, l’Olympia, y’a 1 500, 2000, ça va être autre chose !

Un jeune : Ben en fait, c’est plus devant les parents, devant papa-maman, c’est devant 2 500 personnes et des gens importants quand même ! Donc, ça rajoute une pression un peu.

 

Alice Milot : Est-ce que vous avez le sentiment, que le fait de participer à cet orchestre, ça vous aide pour l’école ?

Le même jeune : Faut savoir compter pour jouer de la musique !

D’autres jeunes renchérissent : Si tu sais pas faire ça …. / Faut savoir compter les temps et les mesures / [plus bas] Si tu sais pas compter, y’a un souci…

 

[Son de l’orchestre]

Le chef d’orchestre : Voilà. Et vous avez vu la concentration que ça vous demande ? Ben, c’est cette concentration là qu’il faut avoir pendant tout le morceau. Ouais : timbale, xylo, piano, même endroit. Un, deux, trois, quatre.

[L’orchestre joue]

 

Marianne Blayau : On s’est rendu compte que finalement, au-delà de former des musiciens, y’a quelque chose qui se passait et que ça transformait les enfants. / Dans un orchestre, tout le monde doit réussir. On collabore, on s’entraide, on s’autodiscipline, parce que, on peut pas se permettre qu’il y en ait un qui joue plus vite que les autres pour arriver le premier, ça n’a pas de sens. Et ça amène déjà une vision complètement différente de ce qui a lieu déjà habituellement à l’école

Alice Milot : Parce qu’à l’école, on est plus dans un rapport de compétition, vous pensez ?

Marianne Blayau : Oui tout à fait, un élève travaille pour ses notes, il va pas travailler pour les notes du voisin. D’ailleurs dans l’orchestre, c’est la seule matière où on a vraiment le droit de copier sur son voisin [elle rit] / Et on a le résultat tout de suite. Quand vous produisez de la musique et que vous la produisez ensemble, vous avez le résultat immédiat et ça apporte le plaisir et donc le plaisir amène du travail supplémentaire et qui redonne encore plus de plaisir. /Ce plaisir, il est partagé, parce que très vite, les enfants vont jouer en concert devant leurs parents, devant les copains, sur une scène. Et donc ça crée un cercle vertueux…

Alice Milot : … de fierté, de confiance en soi…

Marianne Blayau : Tout à fait. /Et en fait, les professeurs qui viennent du conservatoire, viennent dans une posture de valorisation des enfants : on n’est pas là pour les casser. Y’aura pas une sanction de note non plus sur cette pratique. On vient là pour réussir, pour prendre du plaisir et pour le partager. /Les enfants effectivement, même ceux qui réussissent pas en classe, réussissent au travers de ce projet, trouvent un espace de réussite et prennent confiance en eux. / Et comme ça se passe dans l’école et que les enseignants participent, et ben, ce qu’il se passe dans l’orchestre rejaillit dans toute la vie de la classe. Et donc, il y a déjà une ambiance bien meilleure dans la classe, avec des enfants plus sereins, plus concentrés, qui ont gagné en autonomie. / Et donc, ben les conditions sont bien meilleures pour la réussite dans tous les autres apprentissages.

[L’orchestre joue]

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