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Fdlm 401 – Langue : les nouveaux mots des dictionnaires (3’45’’)

Posté le par le français dans le monde

Comme chaque année, de nouveaux mots font leur entrée dans les dictionnaires. Le Larousse actualisé et Le Petit Robert, nouvelle mouture, paraissent ces jours-ci. Pour cette édition 2016 plus d’une centaine de nouvelles entrées font leur apparition dans les colonnes et les définitions qui trouvent leur place dans les dicos collent à l’air du temps : « selfie », « bolos », « adulescent » ou encore « big data ». En ce qui concerne les personnalités « Cabu » et « Charb » sont intégrés parmi les noms propres. Mais comment ces nouveaux mots sont-ils choisis ? Qui les sélectionne ? En sixième au collège Elsa Triolet de Paris, Mehdi, Caïnara et Fiona posent leurs questions sur la langue française et les dictionnaires à Mady Vinciguerra, ancienne directrice éditoriale du Petit Larousse. Ils sont au micro de Gilles de Romilly.

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TRANSCRIPTION
Gilles de Romilly – On découvre les nouveaux mots qui font leur entrée dans les différents dictionnaires 2016 / des mots nouveaux portés par l’actualité / portés aussi par les usages de la langue française / on va le voir / bonjour Mady Vinciguerra – M. V. – Bonjour – G. de R. – Ancienne directrice éditoriale du Petit Larousse / alors les « zadistes » / les « bolos » / l’expression « partir en cacahuète » / ou encore côté noms propres « Cabu » et « Charb » / voici quelques entrées dans les nouveaux dictionnaires 2016 / et pour vous questionner / Mady Vinciguerra / trois petits journalistes / ce sont des sixièmes du collège Elsa Triolet de Paris / et on commence avec toi / Mehdi – M. – Comment il s’appelle celui qui a inventé les dictionnaires / s’il a inventé ça pour se faire de l’argent / pour être riche ou pour aider les gens qui savent pas trop parler français – M. V. – Voilà une bonne question / le premier auteur de dictionnaire français / il s’appelait Richelet / et le premier dictionnaire donc date de 1680 / ensuite bien sûr on en a eu d’autres comme Furetière / Émile Littré / Pierre Larousse / voilà / mais ils ne faisaient pas ça pour devenir riches / je pense qu’ils faisaient ça pour essayer d’instruire tout le monde / et puis par goût parce que c’étaient des gens extrêmement cultivés / extrêmement érudits – G. de R. – Question de Caïnara – C. – Qui est-ce qui rédige tous ces mots chaque année dans le dictionnaire / est-ce que c’est des écrivains – M. V. – Eh bien / ce ne sont pas des écrivains / ce sont des rédacteurs lexicographes qui écoutent la radio / qui regardent la télé / qui lisent les journaux et qui enregistrent les mots qui apparaissent pour la première fois / alors ils attendent d’avoir plusieurs attestations et à ce moment-là on enregistre tous les mots nouveaux – C. – Comme il y a beaucoup de mots qui rentrent dans le dictionnaire / est-ce qu’il y en a qui en sortent puisqu’après sinon le dictionnaire / il serait énorme – M. V. – Oui / Caïnara / c’est vrai qu’il y en a qui sortent chaque année / on doit faire de la place / c’est vrai parce que dans un dictionnaire papier lorsqu’on ajoute il faut de temps en temps retrancher / mais on ne retranche pas / on n’enlève pas les mots pour les enlever / ce sont des mots qu’on n’utilise plus du tout ou beaucoup moins – G. de R. – D’ailleurs c’est / c’est plus facile de choisir les mots qui entrent ou ceux qui sortent – M. V. – Ben je pense que c’est plus facile de choisir les mots qui entrent parce que les suppressions / ça pose toujours un problème aux lexicographes / c’est vrai que les lexicographes / ils enregistrent la langue / ils ne portent pas de jugements de valeur / donc supprimer un mot / c’est toujours un peu délicat et un peu difficile – G. de R. – Caïnara – C. – Qui est-ce qui a inventé tous ces nouveaux mots qu’on utilise maintenant – M. V. – On n’a pas inventé ces mots / les mots arrivent tout seuls / ils se forment / la langue française comme toutes les langues évolue / c’est une langue vivante / elle a des apports réguliers – G. de R. – Fiona – F. – Pourquoi on fait des dictionnaires papier alors qu’on pourrait mettre tout sur Internet / nous / les jeunes / on n’utilise pas vraiment les dictionnaires papier – M. V. – Oui c’est vrai que vous les jeunes / vous avez tendance à ne plus utiliser le dictionnaire papier / mais il y a encore beaucoup de personnes qui utilisent le papier / c’est comme des romans / comme la littérature / il y en a qui vont lire sur leur tablette et d’autres sur le papier / donc il faut laisser le choix – G. de R. – Et puis je crois que les enseignants préfèrent quand même encore le dictionnaire papier parce qu’il permet de / d’apprendre à chercher dans le dictionnaire / allez Mehdi – M. – Dans quelle année vous pensez que tous les dictionnaires seront supprimés – M. V. – Moi / je crois que les dictionnaires ne seront jamais supprimés / de toute façon c’est vrai qu’il y a Internet et puis c’est vrai que le dictionnaire papier permet de naviguer d’une page à l’autre / d’aller rechercher le mot / d’aller rechercher l’orthographe / je crois qu’en fait les deux supports / que ça soit le dictionnaire et l’ordinateur / Internet / tous ces supports finalement se conjuguent pour aider tout le monde et pour essayer de faire évoluer et d’instruire tout le monde.

LEXIQUE
La sixième :
la première année du collège ; les élèves ont en moyenne 11 ans ; employé au pluriel (les sixièmes, les cinquièmes, les quatrièmes, les troisièmes, les secondes, les premières, les terminales) le mot peut désigner de façon abrégée les élèves de telle ou telle classe, de collège de la sixième à la troisième, de lycée de la seconde à la terminale.

Adulescent : mot-valise formé d’adulte et d’adolescent : jeune adulte qui continue à se comporter comme un adolescent.

Big data : (anglais) méga-données ou données massives générées par les géants d’Internet, aussi bien les réseaux sociaux que les entreprises et les administrations ; technologies spécifiques de stockage et de traitement de ces données.

Bolos ou boloss : (insulte appartenant au langage des jeunes) gros nul, boulet, bouffon, imbécile ; désigne également la victime, le souffre-douleur ; l’étymologie du mot est incertaine : on donne, sans garantie, soit le verlan d’un raccourci de lobotomiser (opération qui consiste à enlever une partie du cerveau), soit un composé de bourgeois et de lopette (personne sans courage) ; autre sens (argot des banlieues) : celui qui achète de la drogue à un dealer.

Partir en cacahuète : (familier) prendre une mauvaise tournure, partir à la dérive (équivalents, familiers également : partir en quenouille, partir en vrille, partir en sucette, partir en eau de boudin).

Selfie : (anglicisme) autoportrait photographique réalisé avec un appareil photo numérique, un smartphone ou une caméra numérique, tenus à bout de bras, et destiné à être diffusé sur les réseaux sociaux ; la photo peut inclure d’autres personnes, notamment des célébrités.

Zadistes : nom fabriqué à partir de l’acronyme ZAD, zone à défendre ; militants qui s’opposent à la réalisation de projets de grande envergure considérés comme préjudiciables à l’environnement (aéroports, barrages, lignes ferroviaires à grande vitesse…) ; l’objectif des zadistes est de paralyser les projets en organisant des foyers de résistance avec occupation physique des sites des travaux.

Cabu et Charb : dessinateurs et caricaturistes, deux des victimes de l’attentat contre le magazine Charlie Hebdo du 7 janvier 2015.

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