banniere single

Dans les oreilles de…la classe !

Posté le par le français dans le monde

Vous en avez assez de poser toujours les mêmes questions à vos apprenants dès lors qu’il s’agit d’aborder le thème de la musique? Si, si, souvenez-vous…celles du genre :

« Et vous, vous aimez la musique ? Quel est votre style musical préféré ? » ou encore « Est-ce que la musique est importante pour vous ? » et puis « Quels artistes français écoutez-vous ? » « Joe Dassin, Edith Piaf, Serge Gainsbourg et Zaz ? » Intéressant, certes, mais…vos apprenants vous ont tous déjà présenté leur artiste préféré et vous avez envie d’essayer autre chose. Vous souhaitez associer expression orale et outils numériques ? Alors ce billet est pour vous !

Il y a quelques mois, Laurence Audy Samaniego nous parlait de ses aventures radiophoniques et lançait un appel à témoignages en nous posant la question suivante : « Comment mariez-vous l’expression orale et le numérique ? »

J’ai décidé de vous conter aujourd’hui le projet mené avec ma classe, le mois dernier.

A l’origine de ce projet, un concept développé dans une émission radiophonique, dont je suis depuis plusieurs mois, un fidèle auditeur.

L’émission, préparée par Isadora Dartial, s’appelle « Dans les oreilles de…». Elle est diffusée en semaine, sur Nova, à 21 heures.

Pendant une heure, l’auditeur est plongé dans les souvenirs (premier concert, premier achat musical, album le plus écouté, etc.) et autres coups de cœur musicaux de l’invité. Particularité et charme de l’émission, la journaliste n’intervient que pour présenter l’invité au début du programme. Seules les réponses de l’invité sont ensuite diffusées, entrecoupées d’illustrations sonores :

http://www.novaplanet.com/radionova/programmes/dans-les-oreilles-de

Notre projet s’est articulé sur 4 semaines, avec une classe de niveau B1 en cours d’acquisition.

–          Semaine 1: Envoi d’un premier courriel à la classe, présentant le projet et leur demandant d’écouter « Dans les oreilles de Lou Doillon », émission choisie au préalable. Le lexique pouvant poser des difficultés est explicité dans le courriel. Pas de consigne d’écoute particulière si ce n’est, prendre du plaisir et essayer de comprendre l’interview de l’artiste.

–          Semaine 2: Envoi d’un second courriel. Il s’agit maintenant d’arriver à une compréhension fine de l’interview pour être capable d’imaginer les questions posées au préalable par la journaliste. Chaque apprenant envoie les questions qu’il a repérées à l’enseignant. Nous aurions pu utiliser un outil de travail collaboratif, type Wiki ou Etherpad, pour que chacun puisse lire les questions des autres et partager la synthèse en cours d’élaboration mais faute de temps, j’ai décidé de faire la synthèse.

–          Semaine 3: Envoi d’un troisième courriel contenant la synthèse des questions écrites par les apprenants. Chaque apprenant doit maintenant choisir cinq questions dans la liste et y répondre par écrit. Les réponses sont envoyées par courriel à l’enseignant qui souligne les incohérences et modifications à apporter avant de les renvoyer à l’apprenant.

–          Semaine 4 : Les apprenants enregistrent maintenant leur interview avec le dictaphone de leur téléphone portable. L’enregistrement est envoyé à l’enseignant sous format MP3 ou AMR (pour éviter les difficultés techniques et incompatibilités de format). Les apprenants ont pris soin de laisser une pause entre les réponses et envoient, en pièce-jointe à leur courriel, cinq illustrations sonores correspondant à leur production (les chansons sous format MP3).

Grâce au logiciel de montage Audacity, logiciel libre bien connu des enseignants de langue étrangère, l’ensemble est mixé afin de réaliser une seule et unique piste, regroupant interview et illustrations sonores (compter trente minutes par apprenant environ pour le montage si vous avez déjà utilisé le logiciel Audacity).

J’ai ensuite choisi de mettre en ligne les productions sur le site Soundcloud,  (Télérama, soundcloud le site qui fait du bruit dans la musique!).

Notre dernière séance, en présentiel, a été entièrement consacrée à l’écoute collective et active des différents enregistrements. Chacun a écouté « Dans les oreilles de » l’autre en se demandant quelles questions avaient été choisies.

La production finale est évidemment valorisée par l’accompagnement sonore. Les chansons évoquent des souvenirs communs, permettent aussi de voyager et de se plonger dans des univers musicaux parfois totalement inconnus ! Je me suis permis à cet égard, de garder l’introduction originale de l’émission afin de faciliter la plongée dans l’univers radiophonique. Un peu comme le générique d’un film, je crois que cette intro radio permet à l’auditeur de se mettre dans de bonnes conditions pour faire le voyage !

Les premières réactions ne tardent pas. Les applaudissements fusent ! Les apprenants sont enthousiastes et surpris de voir leur enregistrement prendre une toute autre dimension ! Au fur et à mesure du projet, chacun s’est investi de plus en plus et a tenu à finaliser l’ensemble avant la date fatidique du dernier cours, faisant fi des contraintes de temps et autres contraintes techniques.

Ce travail de longue haleine aura permis de travailler plusieurs compétences (champ lexical de la musique, évocation de souvenirs avec les temps du passé, superlatif, etc.)

Vous avez maintenant, je l’espère, très envie de vous plonger dans leurs oreilles ! Bon voyage !

Dans les oreilles de ma classe!

J’attends avec impatience, vos réactions et commentaires.

Tony Tricot, enseignant à l’Alliance française de Paris Ile-de-France

Un commentaire
  1. Bravo pour ce travail qui s’écoute comme une « vraie » émission ! Je suis en train de monter une séquence sur la façon d’exploiter les chansons et la musique en classe de FLE, et je trouve ici un souffle nouveau.
    Il faut cependant noter que la taille de la classe dans ce cas doit être modeste : « compter trente minutes par apprenant environ pour le montage avec Audacity » !
    Je vois que vos étudiants sont au nombre de 8, on peut rarement dépasser ce nombre me semble-t-il si on veut que chacun puisse écouter ce que les autres ont produit, car dernière séance est active effectivement ! Votre démarche donne plein d’idées, merci !

Laisser un commentaire