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Peut-on apprendre tout en chantant?

Posté le par le français dans le monde

Nous connaissons tous la vieille méthode de travail sur une chanson qui consiste à mettre des espaces blancs dans les paroles et à les compléter après deux écoutes. Le procédé peut paraître bon si l’objectif est simplement de faire connaître une mélodie. Cependant si le but est de faire un travail de fond, je propose une méthodologie plus complète permettant aux adolescents de retenir plus facilement les paroles et d’apprendre en chanson.

Première étape : Faire un choix judicieux

Tout d’abord, il faut aborder la lourde tâche du choix. Pas facile de contenter tous nos ados, sachant qu’à cet âge les goûts varient  beaucoup.  Pour ma part, j’ai décidé d’éviter les chansons d’amour, les voix criardes, les chanteurs au flux de paroles  plus rapide qu’un TGV et ceux qui ont un chewing-gum permanent dans la bouche. Il faut un rythme, un refrain facile à retenir, des champs lexicaux se rapportant à leur environnement et des points grammaticaux s’adaptant à chaque niveau. La chanson est avant tout une source de réflexion qui nous fera revoir des compétences linguistiques.

Deuxième étape : Se concentrer sur un objectif

Les premières préparations de fiches pédagogiques autour de chansons demandent du temps car nous analysons souvent nos chansons préférées et cherchons quelque chose à faire avec celles-ci. Mais au fur et à mesure, l’analyse se fait automatiquement et notre petit radar à chansons identifie rapidement ce qui pourrait être une mine d’or en termes d’objectifs pédagogiques. Pour ma part, je pars toujours d’un objectif lexical ou grammatical qui pourra être repris par la suite avec des activités complémentaires.

Commençons par les objectifs grammaticaux. Les chansons s’avèrent extrêmement utiles en tant qu’imput pour apprendre ou revoir une règle grammaticale. Les ados en ont bien souvent marre qu’on leur répète une énième fois la construction et la valeur d’un temps. La chanson offre un contexte qui s’accompagne d’une mélodie : plus attractif qu’un simple texte écrit ou une règle dictée par une méthode ? J’en mets ma main à couper ! Il est rare de trouver une chanson avec une seule difficulté grammaticale, ce sera donc à chacun d’amener ses apprenants à l’observation du point qu’ils travailleront par la suite.

Les objectifs lexicaux sont plus délicats à traiter. La chanson serait plus dans ce cas là un moyen de revoir du vocabulaire et non pas d’en apprendre. Demander à ses apprenants ce qu’ils ont entendu phonétiquement n’a pas beaucoup d’intérêt, en revanche, identifier un mot qu’ils ont vu au cours du dossier qu’ils sont en train d’étudier aura une excellente répercussion pour la consolidation des connaissances.

Troisième étape : Faire parler nos ados

Beaucoup voudraient que la dernière étape de ce cours rythmé par la musique se termine par un beau chœur résonnant dans tous les couloirs du centre où nous travaillons. Si vous avez des graines de star dans vos classes, tant mieux ! Pour ma part, j’ai souvent eu des apprenants qui se renfermaient dans leurs coquilles par peur du ridicule ou tout simplement parce que chanter n’était pas leur lot quotidien ! Alors à défaut de chanter, faisons-les parler du thème de la chanson choisie. Expérience personnelle, opinion, toute réaction est la bienvenue…il vous suffira juste de poser les questions appropriées pour pouvoir amener vos apprenants à reprendre les constructions grammaticales ou le lexique que vous aurez travaillé dans la deuxième étape. Et pour finir, réservez trois minutes pour une dernière écoute qui conduira vos élèves à fredonner la mélodie en sortant de cours et qui les incitera peut-être à écouter de nouveau la chanson tranquillement chez eux.

Et vous, suivez-vous un autre fil conducteur ? Quelles sont les attitudes de vos ados quand vous travaillez avec une chanson en cours ?

J’attends vos réactions avec impatience et vous invite à vous connecter prochainement sur le blog pour mon prochain billet qui sera la mise en pratique de la méthodologie que je vous ai proposée.


Vincent Counil, enseignant à l’Alliance Française de Grenade.

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