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La parole aux nouveaux enseignants : de la motivation à la pratique

Posté le par le français dans le monde

Guillaume Genet, Emilie Lefèvre, Julien Bliecq et Olivia Kurkdjian, tous trois fraîchement diplômés du DPAFP, répondent aux questions du service pédagogique de l’Alliance Française Paris Ile-de-France. Le DPAFP est un diplôme délivré par l’Alliance Française Paris-Ile-de-France, centré sur la pratique. Il met les étudiants en situation d’enseignement avec des tutorats de retraitement des pratiques accompagnés de cours théoriques. Ces nouveaux enseignants ont donc déjà eu l’occasion de pratiquer dans la classe. Ils nous exposent leurs motivations, leurs représentations, leurs doutes…

Pourquoi avoir choisi le monde du FLE ?

– Julien Bliecq : J’ai fait des études d’ingénieur chimiste et je suis tombé dans le milieu  associatif scientifique. J’ai travaillé dans des centres de vacances scientifiques, en tant qu’organisateur pendant trois ans. On m’a proposé de devenir professeur de français au Japon, même si cette proposition me tentait, j’éprouvais le besoin d’être formé dans une approche de terrain pour pouvoir intervenir. Je me suis tourné vers le monde du FLE car j’ai toujours ressenti une passion pour ma langue maternelle. J’aime le partage et l’échange avec les autres. C’est ce partage que j’ai vécu pendant des années en vulgarisant la science et en tentant de transmettre une passion. J’aime le FLE car la relation avec le professeur est différente, elle est moins conflictuelle, ce n’est pas une relation de sanction. On sent de la confiance de l’estime chez les apprenants qui nous renvoient ce qu’on donne et c’est très enrichissant.

– Guillaume Genet : J’ai fait des études de langue (une maîtrise d’anglais) et je suis devenu steward, chef de cabine puis instructeur. Je viens d’arriver dans le monde du FLE, et je rejoins Julien lorsqu’il parle de transmission de passion. Etre enseignant de FLE c’est un métier qui permet d’insuffler des passions et un peu de soi. J’ai la nette impression que nous avons l’occasion d’être plus nous-mêmes dans ce métier. De plus la  richesse et la diversité des origines dans les classes renforcent cette sensation de partage, c’est extraordinaire !

– Emilie Lefèvre : Je suis issue d’un parcours de sciences humaines. J’ai étudié la philosophie, l’anthropologie, j’ai un DESS en ingénierie culturelle. J’ai bifurqué professionnellement vers les RH. J’éprouvais un manque de stimulation et de vue à long terme et je voulais retrouver du concret dans le partage et l’échange des savoirs. Je pense que le monde du FLE propose toutes ces perspectives et permet de s’interroger sur nos sociétés. Etre enseignant permet d’aborder une très grande diversité d’activités et de tâches professionnelles. Pour moi, le monde du FLE est un domaine en phase avec l’évolution du monde. De nouveaux champs didactiques  se développent en permanence.

– Olivia Kurkdjian : Au départ, j’ai effectué un cursus en biologie, puis en japonais. Je suis partie au Japon pour faire du bénévolat et après avoir vécu un an là-bas, j’aimerais y retourner, pour y vivre. Entrer dans le FLE m’a permis de redécouvrir ma langue maternelle.

Avant votre formation, quelle représentation aviez-vous du métier d’enseignant ?

– Olivia : J’ai toujours été entourée d’enseignantes, je connaissais donc leur passion mais aussi les points négatifs, les problèmes de discipline. Donc je ne dirais pas qu’il y a un décalage car j’étais proche des acteurs de l’enseignement mais avec le public du FLE il y a globalement moins de discipline à faire.

– Guillaume : J’avais une vision des enseignants comme des gens déprimés. C’est pour cela que je ne me suis pas tourné vers l’enseignement. Mais l’enseignement comme je le conçois maintenant est un métier régi par l’échange et le partage et ça c’est encourageant.

– Julien : C’est vrai que les apprenants font cours avec nous et c’est une grosse différence avec l’enseignement traditionnel tel que nous l’avons reçu lors de notre scolarité. Ceci dit, je n’imaginais pas le travail que l’enseignant doit fournir en amont de la classe.

Dans vos premières pratiques, quelles sensations avez-vous eues ?

– Julien : J’étais très à l’aise, mais j’ai dû recadrer mes pratiques car je me positionnais trop comme un animateur. J’ai pris conscience qu’il allait être nécessaire de modérer certains de mes traits de personnalité.

– Olivia : J’étais très stressée mais les étudiants étaient attentifs et surtout très bienveillants. J’ai constaté qu’il était possible de suivre l’objectif de son cours, cela malgré les imprévus, en suivant tout simplement un cheminement différent de celui que l’on avait prévu initialement.

– Emilie : Je ressentais de l’impatience et du trac comme avant de monter sur scène. J’avais envie de voir si ce que j’avais préparé tenait la route. Après la pratique j’étais abasourdie par ce que je n’avais pas fait comme je l’aurais voulu. Heureusement cela n’a pas entamé ma motivation et mon plaisir pour les pratiques suivantes !

– Guillaume : J’ai évidemment ressenti du trac, mais j’aime parler, et cette sensation de représentation est très agréable. Se rendre compte que les apprenants participent et suivent est très agréable.

Merci à vous pour vos témoignages, tout à la fois rassurants et motivants ! Nous vous retrouvons lors du prochain billet pour parler des perspectives professionnelles que vous envisagez en tant que jeunes enseignants.

Le service pédagogique de l’Alliance Française Paris Île-de-France

Un commentaire
  1. Laurence Audy Samaniego

    Que de jolis retours dans ces témoignages.

    Ceci dit, n’oublions pas que le FLE est aussi enseigné aux enfants et aux adolescents… sans être pour autant « traditionnel ». Dans ce cas, il faut d’autant plus déployer des trésors d’inventivité pour éduquer, entretenir et maintenir l’intérêt, la participation et la motivation. Les jeunes sont d’ailleurs le public le plus formateur.

    Gare également au plaisir de parler soi-même… tant le principal défaut d’un enseignant de FLE est, à mon avis, de trop parler – au lieu de faire parler.

    Il n’en reste pas moins que si l’échange des savoir-faire est votre principale motivation, vous risquez fort d’être de bons enseignants. Belle continuation à vous !

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