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La leçon zéro : briser la glace

Posté le par le français dans le monde

Source d’appréhension voire de stress, la première rencontre avec ses futurs beaux-parents ne laisse personne insensible. Tout comme un entretien d’embauche, elle se prépare. La toile regorge de conseils à ce sujet. Voici ceux qui reviennent le plus souvent :

Conseil 1 : renseignez-vous sur vos beaux-parents afin d’éviter d’aborder les sujets délicats (une violente joute politique avec votre beau-père vous fera perdre un capital confiance difficilement acquis).
Conseil 2 :
n’arrivez pas les mains vides (le bouquet de roses à belle-maman vous permettra de glaner sans effort quelques précieux points).
Conseil 3 :
ne commettez pas l’irréparable en vous montrant trop démonstratif avec votre chéri(e) en face de ses parents (quasi disqualifiant, le baiser langoureux est à proscrire).

Quoi qu’il en soit, force est de constater que les premières heures que vous allez passer aux côtés de vos beaux-parents influenceront positivement ou négativement la relation que vous entretiendrez avec eux pour de longues années. À la lecture de ces quelques lignes, vous vous demandez sûrement ce que viennent faire de tels conseils dans un blog pédagogique…
Et bien, réjouissez-vous ! Sachez qu’en tant que professeur de français, vous faites partie des rares privilégiés qui seront amenés à vivre ces doux moments à de nombreuses reprises, tout au long de votre carrière.

La prise de contact avec un nouveau groupe d’étudiants, débutants complets ou non, est en effet en tous points semblable à l’intimidante rencontre des beaux-parents. Il s’agit principalement de faire connaissance et de tisser les premiers liens d’une relation de confiance mais aussi de négocier un contrat – qu’il soit d’apprentissage ou de mariage ! – qui devra être validé et respecté par les deux parties. D’ailleurs, ces premières heures de classe nourrissent tant de réflexions chez les pédagogues qu’ils leur ont attribué dans leur jargon un étrange nom devenu fameux : « la leçon zéro ».

Plusieurs objectifs sont communément associé(e)s à cette leçon :
En premier lieu, en tant que professeur, elle vous permet de présenter aux étudiants les engagements que vous prenez vis-à-vis d’eux (vos beaux-parents aussi comptent sur de sérieux engagements !). La leçon zéro peut ainsi être l’occasion de formuler avec eux les objectifs à atteindre en fin de formation et de faire le bilan sur ce qui est déjà acquis.

La leçon zéro est aussi et surtout l’occasion d’instaurer un climat de confiance mutuelle, favorable à l’apprentissage. Nombre d’activités « brise-glaces » à créer ou disponibles en ligne peuvent être utilisées pour souder le groupe (présentation ludique, remue-méninges sur les connaissances de la France et des pays francophones, etc.).

J’utilise régulièrement une activité ludique que je déconseille formellement dans le cadre d’une première rencontre avec vos beaux-parents ! Les apprenants se présentent à tour de rôle avec la consigne suivante : « Cachez un (petit) mensonge dans votre présentation, aux autres de le retrouver ». Instaurer un climat de confiance mutuelle en leur demandant de mentir me dites-vous? Et bien oui ! L’intérêt de cette présentation est double : les apprenants sont plus attentifs et les mensonges détendent souvent l’atmosphère, en faisant rire et en dédramatisant l’apprentissage.

On gardera en tête à ce stade le premier conseil de la rencontre avec les beaux-parents : renseignez-vous sur votre groupe avant la leçon zéro pour ne pas perdre trente minutes à multiplier les présentations avec des apprenants qui… se connaissent déjà depuis 3 mois : déstabilisante expérience que j’ai vécue récemment, marquée par un tardif et gêné : « Vous savez Monsieur, nous sommes dans la même classe depuis 3 mois ! On se connaît tous très bien. »

Et vous, comment abordez-vous cette première prise de contact ? Quelles sont selon vous les embûches à éviter ? Quelles activités utilisez-vous pour instaurer une ambiance de travail agréable et pour briser cette fameuse mais non moins redoutable glace ?

J’attends vos réactions et commentaires et vous donne rendez-vous dans deux semaines pour la riposte !

Lucas Malcor et Tony Tricot, enseignants à l’Alliance française Paris Île-de-France

3 commentaires
  1. Je n’ai pas encore commencé l’expérience d’ enseignant, mais je préfère de montrer aussi sevère que cool. J’ai toujours une question : comment faire pour que les étudiants me respectent?

  2. Laurence AUDY SAMANIEGO

    En panne d’idée pour un brise-glace en mi-A1, j’ai testé hier la « présentation mensongère ». Banco !

    C’était parfait pour ces étudiants au vocabulaire encore limité. Ils ont pu réemployer la présentation de base (prénom, âge, nationalité, état civil, profession, langues parlées, j’aime / je n’aime pas), avec la stimulation très amusante de la « phrase fausse » à découvrir. Il fallait parler clairement, parfois répéter, et tout le monde était concentré.

    Certains se connaissaient déjà, contrairement à moi qui découvrait le groupe. Aucun problème : ceux-là souriaient à l’avance, ayant immédiatement trouvé le mensonge ; de mon côté je posais aussi des questions. Certains ont dit un mensonge facile, difficile, ou ont parfois oublié d’en dire un ! Du coup, c’était une « vraie » présentation, active tant pour le locuteur que les destinataires, et avec beaucoup de rires.

    Merci pour cette idée simplissime et excellente !

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